dimanche 8 mars 2015

ATTILA PRÉ-DJIHADISTE ? : d'acculturé à radicalisé



LE FIGARO : Vous avez récemment écrit un livre sur les affres du monde arabe face à la modernité. Quel regard portez-vous sur les attentats à Paris ?

 Joshua MITCHELL :  Les sociétés arabes sont déchirées entre deux mondes. En France, et dans une moindre mesure en Amérique, la jeunesse ressent la tension qui persiste entre ses loyautés traditionnelles et son intérêt individualiste. Au Moyen-Orient, cette tension est à une échelle bien supérieure. L’islam radical émerge au cœur de cette tension : perdus et seuls, ceux qui adoptent cette idéologie pensent recréer un tout cohérent en « retournant » à l’islam. Leur supposé « retour » est donc celui d’un homme qui est déjà le produit d’un monde moderne de solitude. C’est leur manière de « ré-enchanter » un monde moderne que Max Weber avait défini par son désenchantement.

LE FIGARO : Diriez-vous que la situation des jeunes musulmans d’Europe est similaire ? Eux aussi semblent déchirés...

Joshua MITCHELL. : Oui, mais il y a des facteurs additionnels dans les communautés immigrées. Certains analystes disent qu’ils deviennent acculturés, d’autres qu’ils se radicalisent. Les deux scénarios sont possibles. Si radicalisation il y a, elle se produit quand la génération qui grandit dans ces communautés n’a pas d’expérience précise de sa patrie d’origine et développe donc une image rêvée de l’islam. Déconnecté de la pratique, leur esprit navigue et construit une idée imaginaire, « pure », de l’islam, un phénomène démultiplié par Internet.


HISTOIRE - 1:

Après quatre ans à Rome Attila rentra chez son père, en une heure il redevint un Hun tout semblable à ses frères de race. Renvoyant les maîtres lettrés dont l'empereur Honorius lui avait fait don à son départ de Ravenne, il se fait raser à vif le crâne, n'y laissant,  à la mode Hunnique, qu'une mèche qu'il comptait bien voir s'allonger. Il arracha ses vêtements propres pour enfiler l'étroit pantalon de peau qui sentait si bon le suint de mouton employé pour l'assouplir. Étant dans la yourte ronde en feutre et clignant des yeux sous la fumée du foyer, il s'assit au fond à gauche à la place du maître et non d'un invité et, à belle dents, déchira une lanière de viande séchée avant de boire une ample rasade de lait de jument alcoolisé par la fermentation. Geste de haute politique autant que de goût personnel. Un vrai Hun, voilà ce qu'il entendait montrer à son  peuple qu'il était resté ! 

(Percheson 1962,  Sur les pas d’Attila, pp 57-58).

HISTOIRE – 2 :

Attila venant d'une population à la nature encore bien primitive, aux brutalités constantes,  aux perfidies souvent simpliste, mais confiante en elle, convaincue de sa force, avide de domination, il voit à la cour Impériale la hantise du passé, la volonté de survivre mais aussi de jouir éperdument du présent malgré la crainte de l'avenir ou à cause d'elle; il voit ici les cupidités, les débauches de toutes sortes, les vices et les turpitudes étalés d'une société en décomposition. Tout cela lui répugne; il ne se laisse jamais entraîner ou compromettre;  acquérant une parfaite maîtrise de soi, il observe, il s'instruit. Oh ! Il saura ce que vaut une parole impérial, et surtout ce qu'elle ne vaut pas. Il verra ici l'amitié réelle et la jalousie perfide, le dévouement et le complot, le mérite reconnu ou bafoué, le crime puni et le crime payant. Et le Barbare que Rome croit "civiliser" à sa manière se félicite de trouver de si nombreux signes de décrépitude dans un "vieux monde" qu'il rêve déjà d'alarmer et, si possible, de soumettre à sa loi.

(Bouvier-Ajam 1999,  Attila le fléau de dieu, p. 53).

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