jeudi 31 mai 2018

LES GRANDS PROJETS : malgré tout



(Edition 02.06.18)

ACTUALITÉ


Les travaux d’excavation de la future station Édouard-Montpetit, qui sera située sous l’actuelle station de métro du même nom, commenceront cet été dans le quartier Côte-des-Neiges.
Ces travaux pourraient perturber les résidents du secteur puisqu’ils nécessiteront le passage d’une quinzaine de camions par jour qui évacueront des milliers de mètres cubes de roc afin que cette future station rejoigne le tunnel du mont Royal à 70 mètres de profondeur.
«On parle de creuser 20 étages sous le sol. Ça va devenir la deuxième station la plus profonde en Amérique du Nord», a indiqué le directeur des communications du bureau de projet du REM, Jean-Vincent Lacroix.
Ce dernier assure que les camions ne circuleront que le jour.

HISTOIRE-1

1860 : Napoleon III et la transformation de Paris

Il est difficile de porter un jugement affirmé sur cette oeuvre immense du régime, dont Napoléon III fut l'inspirateur et Haussmann l'exécutant, voire le chef d'orchestre.

Les contemporains ont mis l'accent sur les dépenses considérables et les conditions financières discutables de cette campagne, mais cette question est passée au second plan, comme le coût du château de Versailles.

Nous sommes plus sensibles au reproche de brutalité, à l'aspect de cet urbanisme qui semble inspiré de la radicale chirurgie du temps, à cette méconnaissance de bien des aspects du passé, à cet oubli du paysage et de sa subtilité. Mais il est dangereux et même inconcevable de juger le second Empire selon les principes et les paramètres de notre époque.

Profondément choqué de découvrir une ville encore médiévale, peu sensible à certaines architectures, indifférent au pittoresque, déterminé par la politique et l'économie et non par l'esthétique, l'Empereur voulait une ville aérée, de circulation aisée, bien équipée, monumentale, saine, reflétant la prospérité du temps et l'éclat du règne, ville dont la croissance qualitative profiterait par contrecoup aux classes modestes, une capitale à la mesure de l'espoir de progrès qu'elle portait.

Cette capitale, il fallait la construire, et l'on ne pouvait le faire sans jeter bas. Haussmann, avec l'autonomie de décision qui lui était laissée, aurait pu corriger ou infléchir la volonté impériale. Il ne sut ou ne voulut le faire, et ne s'en donna pas le temps. Reproche-t-on à Colbert de n'avoir jamais contrecarré Louis XIV ? On ne s'étonnera donc pas que la politique de construction impériale ait rendu à Paris l'industrie du bâtiment florissante.

HISTOIRE-2

Henri IV : « Ventre Saint -Gris"

Nous lui devons aussi le pont Neuf, voulu par Henri III. Il modifia le projet en supprimant les maisons prévues dessus, pour que les Parisiens puissent voir le fleuve. Il fit installer une fontaine avec la statue de la Samaritaine abreuvant le Christ. C'est elle qui donna son nom au grand magasin de la rive droite.

La construction du pont s'accompagna de la création de la place et de la rue Dauphine.
Le terrain où il voulait créer la rue Dauphine appartenait alors au couvent des Augustins, qui y cultivaient des légumes destinés aux pauvres.

Devant les réticences des religieux, Henri, qui sait que les commerces qui s'y installeront leur rapporteront davantage, leur dit : "Ventre saint gris ! Le revenu que vous en tirerez vaut bien des choux !" Et pour montrer sa détermination, il leur lance : "Si ce n'est pas ouvert demain, je la perce au canon !"

HISTOIRE-3

Néron et l'incendie de Rome

L'origine de l'incendie de Rome fait également débat : est-ce Néron qui l'aurait fait allumer lui-même ? En effet, après le désastre, il aurait utilisé une large portion de terrain brûlé pour construire son nouveau palais. Par ailleurs, il fit reconstruire la ville avec des rues plus larges, mais il s'agissait peut-être d'une simple précaution contre des incendies futurs.

Il est aussi possible que le feu ait été un simple accident : ce n'était ni le premier, ni le dernier incendie accidentel que la Rome antique ait connu dans son histoire (en 80 ap. J.-C., l'empereur Titus connaîtra aussi un tel désastre). De nos jours, les historiens soutiennent en majorité la thèse accidentelle.

A VOUS DE JOUER

vendredi 25 mai 2018

LE GRAND ART DE L'ANNULATION


(Édition 26.05.18)

ACTUALITÉ

Amerique-selon-trump/20180524.OBS7166/coree-du-nord-la-rencontre-entre-trump-et-kim-jong-un-n-aura-finalement-pas-lieu.html

Le 24 mai 2018 à 16h31

Revirement de Donald Trump. Le président américain a finalement annulé sa rencontre historique avec Kim Jong-un, rendez-vous qui devait se tenir le 12 juin à Singapour. Le locataire de la Maison-Blanche a dénoncé "la colère" et "l'hostilité" du régime de Pyongyang et expliqué, dans un courrier envoyé au chef d'Etat nord-coréen, qu'il n'était "pas opportun à ce stade de maintenir cette rencontre prévue depuis longtemps".

HISTOIRE-1

Après avoir essuyé les foudres des politiciens anglais pour avoir retransmis des vidéos publiés par l’extrême droite britannique, la visite de Donald Trump au Royaume-Uni semble avoir été annulée.
Un peu plus d’un an après son élection, le président américain Donald Trump n’a toujours pas visité l’Angleterre, pourtant un allié de longue date des États-Unis. Une visite d’État à Londres est généralement prévue pour tout nouveau président américain.

Mais les Anglais n’apprécient guère la personnalité rageuse et vindicative du président Trump ainsi que ses prises de position, notamment en matière d'immigration.

Le printemps dernier, une pétition citoyenne a été mise en ligne demandant à ce que le président américain ne rencontre pas la Reine d’Angleterre afin de ne pas «embarrasser sa Majestée la Reine.»

Signée par plus de 1,8M de personnes, on a alors décidé que le président américain ne viendrait à Londres qu’en janvier 2018 pour une rencontre de travail et non une visite d’État afin d'éviter au président de vastes manifestations anti-Trump tout en épargnant la Reine.

HISTOIRE-2

Un gobelet de café renversé sur le tableau de bord par le copilote est à l'origine de la panne de l'avion en vol qui a forcé, vendredi dernier, le président serbe Tomislav Nikolic à reporter une visite officielle au Vatican.
«Le copilote Bojan Zoric a renversé accidentellement du café sur le tableau de bord et a, en tentant d'essuyer ce café, activé la commande "emergency slot extension", ce qui a eu pour conséquence une perte d'altitude de l'avion», indique ce matin la Direction nationale pour le trafic aérien civil dans un rapport rendu public.

Un des trois moteurs du Falcon-50 à bord duquel se trouvait Tomislav Nikolic et ses conseillers, a également cessé brièvement de fonctionner, selon le rapport.

Le pilote et le copilote - qui depuis a été temporairement suspendu de ses fonctions -, ont rapidement repris le contrôle de l'avion, mais de fait de la défaillance, l'avion a quand même été obligé à faire demi-tour. Et la visite, au cours de laquelle le président serbe devait rencontrer le pape François, a été reportée.

HISTOIRE-3

Hammourabi, roi de Babylone, et les annulations de dette
Le Code Hammourabi se trouve au musée du Louvre à Paris. En fait, le terme « code » est inapproprié, car Hammourabi nous a légué plutôt un ensemble de règles et de jugements concernant les relations entre les pouvoirs publics et les citoyens. Le règne d’Hammourabi, « roi » de Babylone (situé dans l’Irak actuel), a commencé en 1792 av. J-C et a duré 42 ans.

Ce que la plupart des manuels d’histoire ne relèvent pas, c’est qu’Hammourabi, à l’instar des autres gouvernants des cités-Etats de Mésopotamie, a proclamé à plusieurs reprises une annulation générale des dettes des citoyens à l’égard des pouvoirs publics, de leurs hauts fonctionnaires et dignitaires.

Ce que l’on a appelé le Code Hammourabi a vraisemblablement été écrit en 1762 av. J-C. Son épilogue proclamait que « le puissant ne peut pas opprimer le faible, la justice doit protéger la veuve et l’orphelin (…) afin de rendre justice aux opprimés ». Grâce au déchiffrage des nombreux documents écrits en cunéiforme, les historiens ont retrouvé la trace incontestable de quatre annulations générales de dette durant le règne d’Hammourabi (en 1792, 1780, 1771 et 1762 av. J-C).

A VOUS DE JOUER

vendredi 18 mai 2018

MARIAGE ROYALEMENT NÉGOCIÉ


(Édition 19.05.18)

ACTUALITÉ

Agence France-Presse| Publié le 18 mai 2018 à 05:06 

Le prince Charles conduira à l'autel samedi l'ex-actrice américaine Meghan Markle, en l'absence de son père malade, pour épouser son fils, le prince Harry, a annoncé le palais de Kensington vendredi, jour des ultimes préparatifs du mariage royal.
Thomas Markle étant en convalescence après une opération du coeur, c'est Charles qui accompagnera sa belle-fille, «ravi de pouvoir accueillir Mlle Markle de cette façon dans la famille royale», a indiqué le palais, résidence officielle du couple.

HISTOIRE-1

Napoléon et Marie-Louise

Le 23 février 1810, une semaine après la ratification de la convention portant contrat de mariage entre Napoléon et Marie-Louise, Napoléon envoie une lettre à sa future épouse : « Les brillantes qualités qui distinguent votre personne nous ont inspiré le désir de la servir et honorer […]. Pouvons-nous nous flatter qu'elle ne sera pas déterminée uniquement par le devoir de l'obéissance à ses parents ? Pour peu que les sentiments de Votre Altesse Impériale aient été de la partialité pour nous, nous voulons les cultiver avec tant de soins, et prendre la tâche si constamment de lui complaire en tout, que nous nous flattons de réussir à lui être agréable un jour […] » [Correspondance de Napoléon Ier, réimpression de l'édition du Second Empire, N° 16 288]. Cette lettre convenue pour préparer l'archiduchesse à son union avec Napoléon montre à quel point l'Empereur désire que la jeune femme se trouve dans les meilleures dispositions pour lui donner rapidement un héritier, ce qui est le but de cette nouvelle union qui doit de même lui assurer une plus grande légitimité aux yeux des grandes cours d'Europe.

Il est vrai que l'Archiduchesse autrichienne, et Napoléon ne peut l'ignorer, a été élevée dans l'exécration de celui, qu'elle appelle « l'ogre corse », « l'Antéchrist » ou « le Hun », elle grandit, comme elle s'en confia à Méneval, « sinon dans la haine, au moins dans les sentiments peu favorables à l'homme qui avait mis plusieurs fois la maison de Habsbourg à deux doigts de sa perte, qui avait obligé sa famille à fuir de sa capitale et à errer de ville en ville au milieu de la confusion et de la consternation. » [Méneval, Napoléon et Marie-Louise, Souvenirs historiques, Amyot, paris, 1844. P. 329-330]

Tout d'abord l'idée de ce mariage lui fait horreur et elle ne peut le croire : « Napoléon, a trop peur d'un refus et trop envie de nous faire encore mal pour faire une pareille demande, et papa est trop bon pour me contraindre sur un point d'une pareille importance. ». Dans l'attente de la décision, elle écrit le 22 janvier 1810 à l'une de ses amies, Melle Poulet : « Depuis le divorce de Napoléon, j'ouvre la Gazette de Francfort dans l'idée d'y trouver la nomination de la nouvelle épouse, et j'avoue que ce retard ma causes des inquiétudes involontaires […] je remets mon sort entre les mains de la divine Providence […] Si le malheur voulait, je suis prête à sacrifier mon bonheur particulier au bien de l'Etat, persuadée que l'on ne trouve la vraie félicité que dans l'accomplissement de ses devoirs, même au préjudice de ses inclinaisons. », puis à son père : « J'attends votre décision avec un respect filial. ». François Ier n'osa pas lui annoncer son prochain mariage et délégua la mission à son ministre. Elle se résigna et accepta son destin sans amertume.
[Correspondance de Marie-Louise (1799-1847), Charles Gérold, Vienne, 1887]

HISTOIRE-2

Héron et Sporus

Sporus était un jeune garçon que l'empereur Néron aurait favorisé, castré puis épousé, à cause de sa ressemblance avec l'impératrice Poppée, sa défunte épouse.
Néron le fit vêtir d’une robe et d’un voile de mariée, et organisa une sorte de cérémonie de mariage avant de parader à son côté dans toute la ville. Leur litière passa par tous les principaux lieux publics de Rome, tels que les marchés et les forums, et tout le monde put voir l’empereur embrasser et caresser ostensiblement sa « femme », qu'il faisait appeler Sabina.
Sporus était présent lors de la mort de son mari et fut recueilli par Marcus Servius Otho, un des camarades de débauche de Néron, qui le prit également pour époux.

HISTOIRE-3

Isaac Rebecca / Genèse 24-26

Laban et Bethuel répondirent: «C'est de l'Eternel que cela vient. Nous ne pouvons te parler ni en mal ni en bien. 51 Voici Rebecca devant toi: emmène-la en repartant. Qu'elle soit la femme du fils de ton seigneur, comme l'Eternel l'a dit.» 52 Lorsque le serviteur d'Abraham eut entendu leurs paroles, il se prosterna jusqu’à terre devant l'Eternel. 53 Le serviteur sortit des objets d'argent, des objets d'or et des vêtements qu'il donna à Rebecca. Il fit aussi de généreux cadeaux à son frère et à sa mère. 54 Puis ils mangèrent et burent, lui et ses compagnons, et ils passèrent la nuit là. Le matin, quand ils furent levés, le serviteur dit: «Laissez-moi repartir chez mon seigneur.» 55 Le frère et la mère de Rebecca dirent: «Que la jeune fille reste avec nous quelque temps encore, une dizaine de jours! Ensuite, tu pourras partir.» 56 Il leur répondit: «Ne me retardez pas, puisque l'Eternel a fait réussir mon voyage. Laissez-moi repartir et que j'aille chez mon seigneur.» 57 Alors ils répondirent: «Appelons la jeune fille et demandons-lui son avis.» 58 Ils appelèrent donc Rebecca et lui dirent: «Veux-tu partir avec cet homme?» Elle répondit: «Oui.» 59 Alors ils laissèrent leur sœur Rebecca et sa nourrice partir avec le serviteur d'Abraham et ses hommes. 60 Ils bénirent Rebecca et lui dirent: «Toi qui es notre sœur, deviens l’ancêtre de millions de personnes et que ta descendance possède les villes de ses ennemis!» 61 Rebecca se leva avec ses servantes. Elles montèrent sur les chameaux et suivirent l'homme. C’est ainsi que le serviteur emmena Rebecca et repartit.

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samedi 12 mai 2018

VANDALES ? que dalle !


(Édition 12.05.18)

ACTUALITÉ


En 2017, selon les chiffres du ministère de l’intérieur, les atteintes aux édifices religieux et aux sépultures, a enregistré une baisse de 7,5 % après une période d’augmentation continue relevée de 2008 à 2016. Le nombre de faits constatés s’est élevé à 978 en 2017 contre 1 057 en 2016.
Les atteintes aux lieux de culte et sépultures juifs enregistrent une hausse de 22 % par rapport à 2016, de 23 à 28 faits. Les atteintes aux sites musulmans ont connu, eux, une baisse de 15 %, avec 72 faits recensés en 2017, contre 85 en 2016.
Avec 878 faits constatés en 2017, les atteintes aux édifices et sépultures chrétiens ont diminué de 7,5 % par rapport à 2016 (949 faits) mais constituent près de 90 % des atteintes globales, en raison notamment de leur grand nombre.

HISTOIRE-1


Considérons à part les destructions contingentes et qui relèvent des fameux «dommages collatéraux». On ne fait pas de guerre sans provoquer de dégâts indirects -y compris sur le patrimoine… Parmi d'innombrables exemples, citons l'incendie de la Grande bibliothèque d'Alexandrie, en 47 avant notre ère, du fait de l'offensive de César; la destruction du colosse de Rhodes par les troupes califales d'Othmân Ibn Affân, en 654 de celle-ci; l'acharnement des arbalétriers de Louis XII contre un cheval de craie conçu par Léonard pour les Sforza, en 1499; l'explosion de la toiture du Parthénon, transformé en dépôt de poudre par les Ottomans, et pris pour cible par les Vénitiens, en 1687; l'incendie des Tuileries par la Commune de Paris, en 1871; le bombardement de la cathédrale de Reims par les Allemands, en 1914, etc. Dans ces derniers cas, le départ est difficile à faire, de la conséquence fortuite et de la volonté délibérée...

HISTOIRE-2

Le vandalisme religieux

Dès les années 1525-1535, le clergé réclama la condamnation à mort de tous ceux qui nuisaient à l’unité de l’Eglise, dont la langue serpentine essayait d’endoctriner, donc de corrompre, par la séduction du langage. Ses sermons prêchaient la violence, considérée comme purificatrice et comme un excellent moyen de prouver sa fidélité à Dieu. Du côté huguenot, on relève aussi des excès, comme le vandalisme dans les églises, l’iconoclasme - la destruction des images -, des parodies de la messe avec jet d’hosties dans un feu, de processions où le prêtre était mené à l’envers sur un âne, l’adoration du Saint-Sacrement par un verrat monté sur l’autel, des exhumations de dépouilles de catholiques, déshabillées et traînées dans les rues, des meurtres d’ecclésiastiques, parfois selon des rituels de dérision, des tueries et encore d’autres atrocités. Mais jamais la brutalité des protestants n’a atteint à la fois l’ampleur et la cruauté systématique de celle des catholiques.

HISTOIRE-3

Le vandalisme… vandale

Que n’a-t-on pas dit des Vandales ? (248-538)

Pilleurs, conquérants cruels, êtres de terreurs saccageant et dévastant tout sur leur passage comme le fera Attila qui en sera un temps l’un des maîtres. Mais cette caricature Barbares est-elle bien fondée ? Rien n’est moins sûr même s’il est évident que d’importantes troupes Vandales sous la férule de chefs ou de rois avides auront dévasté bien des pays et territoires durant leur errance.

Mais cette réputation est usurpée et mue pour le moins par la propagande Romaine pour « Barbariser » l’étranger aux yeux des autochtones et pour le pire pour en faire une tentative de symbole de tous les autres peuples Germains.
Et apparemment cette entreprise eut un tel succès !

Rome, puis l’Eglise catholique (avec le célèbre « Fléau de Dieu » attribué à Attila déjà appuyé par les Vandales) et jusqu’à Voltaire reprendront cette imagerie de terreur qui prévaut d’ailleurs toujours depuis… En fait cette légende négative n’est que le prolongement des caricatures appropriées d’abord aux Païens puis aux Barbares, également aux Germains et en fait à tous les Nomades, « les Etrangers ».

En fait de terreur, les Vandales n’auront pas effrayé leurs Frères ni déstabiliser la Germanie. Poussés par les Huns, chassés par les leurs, ils n’auront tout bonnement pas trouvé de terres accueillantes, peut-être par tempérament, pas faiblesses ou par choix. « Boucs-émissaires », ces perpétuels exilés ne sont peut-être devenus que ce à quoi tous les auront destinés à être…

À VOUS DE JOUER

vendredi 4 mai 2018

OCCUPER LA RUE

(Édition 05.05.18)

ACTUALITÉ


Selon la préfecture de police de Paris, 1 200 individus cagoulés et masqués, scandant « Tout le monde déteste la police, Paris debout, soulève toi », se sont d'abord rassemblés au niveau du pont d'Austerlitz, dans l'est de Paris, en tête de la manifestation organisée par les unions syndicales.

C'est alors que, sur décision de la préfecture de police, le cortège a changé d'itinéraire pour rejoindre la place d’Italie. Le groupe d'individus violents a donc été isolé par les forces de l'ordre, les policiers, qui ont attendu ensuite quelques minutes avant d'intervenir, et de répliquer aux projectiles des casseurs avec un canon à eau et des gaz lacrymogènes pour les disperser.

Néanmoins, certains individus ont eu le temps de fracasser des vitrines le long du boulevard de l'Hôpital, dans le 13e arrondissement, saccageant notamment un restaurant McDonald's et des abribus, et sortant des voitures d'un concessionnaire Renault. Ils ont également incendié un engin de chantier et lancé des projectiles sur les forces de l'ordre.

Puis, par petits groupes, ces derniers se sont dispersés sur les hauteurs du 5e arrondissement de Paris, avant de nouveaux affrontements rue Monge peu après 21h. Des conteneurs à verre ont été renversés.

HISTOIRE-1

2001

Le 11 septembre 2001, des avions détournés ont percuté les deux tours du World Trade Center (WTC), à New York. Le mouvement altermondialiste était sur sa lancée, surtout depuis la Bataille de Seattle en 1999. Les images du Black Bloc défonçant des vitrines de banques et de succursales de firmes multinationales avaient fait le tour du monde. La tactique avait été reprise au printemps et à l’été 2001, au Sommet des Amériques à Québec, au Sommet de l’Union européenne à Göteborg et au Sommet du G8 à Gênes…

Les altermondialistes n’avaient tué personne. Les médias ont néanmoins fait un amalgame bien curieux après l’attaque du 11 septembre, qui a provoqué plus de 3 000 morts. «Ce n’est pas la même échelle que les attentats de New York, certes, mais cela procède du même esprit», suggérait Le Figaro du 14 septembre, au sujet du démontage d’un McDonald’s par José Bové, sympathique paysan français défendant le fromage au lait cru. Oussama ben Laden a dû s’étouffer en lisant son Figaro...

Quelques jours plus tard, Le Figaro Magazine se livrait au même jeu d’amalgame : «Il est difficile de ne pas établir une relation entre le coup qui vient d’ébranler la Mecque du capitalisme mondial [le WTC] et le durcissement des mouvements antimondialistes [...] tous adversaires de l’État démocratique libéral. [...] Pour l’instant, les casseurs des Black Blocs d’extrême gauche [...] ne sont que quelques milliers. Il faut être aveugle pour refuser de voir à quelle vitesse le mal court.» À défaut d’expliquer quoi que ce soit, cet amalgame insultait et délégitimait les anarchistes et autres altermondialistes qui se contentaient de fracasser quelques vitrines.

J’en étais venu à paniquer quand je cassais un verre par accident : allais-je être accusé d’homicide involontaire?

HISTOIRE-2

1991-2000

Leur première apparition remonte aux manifestations contre la guerre du Golfe en 1991 aux Etats-Unis. L'appellation fait sans doute référence aux " Schwarz bloc ", les " blocs noirs " constitués dans les années 80 par les autonomes dans plusieurs villes d'Allemagne et à Zurich pour défendre les squats contre la police ou combattre les activistes néo-nazis. Mais c'est le 30 novembre 1999, lors des rassemblements contre le congrès de l'OMC à Seattle, que les Black blocs commencent véritablement à faire parler d'eux. Sur le trajet de la manifestation, un groupe de quelques centaines de personnes masquées s'attaque aux vitrines des banques, des commerces et des sièges des multinationales. Des barricades sont fabriquées avec le mobilier urbain et les murs sont couverts de slogans. Lors des rassemblements contre le FMI et la Banque mondiale à Washington, les 16 et 17 avril 2000, un " Revolutionary Anti-capitalist bloc "(RACB) d'un millier de personnes est à nouveau présent, mais avec une tactique différente : le groupe ne s'attaque pas aux vitrines et concentre tous ses efforts sur la police, parvenant à bloquer les unités anti-émeutes et facilitant l'action des militants qui pratiquent la désobéissance civile. On retrouve un " Anti-Statist black bloc " (ASBB) à Philadelphie, les 1er et 2 août 2000, lors du rassemblement contre la convention du Parti républicain, et quinze jours plus tard à Los Angeles, contre celle du Parti démocrate. Sous des appellations parfois changeantes, les Black blocs feront ensuite parler d'eux au rythme des rassemblements internationaux à Davos, Prague, Nice, Québec,

Göteborg et enfin Gênes.

HISTOIRE-3

RENNES 1789

C'est ici que le 26 et le 27 janvier 1789 ont eu lieu les premiers affrontements de la Révolution française entre des nobles et des étudiants. Ces émeutes feront trois morts, un garçon boucher et deux jeunes aristocrates.

Tout a commencé sur le Champ de Montmorin, l'actuelle esplanade du Général-de-Gaulle. Le 26, au matin, des centaines de personnes protestent contre la hausse du prix du pain. Dans la foule, nombreux sont ceux qui utilisent des bricoles - de fortes lanières de cuir destinées à traîner des voitures - pour travailler. D'où le nom donné à ces journées historiques.

Derrière ce mouvement se cache en fait une manoeuvre politique de la noblesse qui tente de monter le petit peuple, qui vit directement de l'activité du Parlement de Bretagne, contre les députés du tiers état. Depuis la fin décembre, ces derniers paralysent le fonctionnement de l'assemblée. Ils demandent davantage de représentativité, le vote par tête ainsi qu'une réforme fiscale.

À proximité de la place, rue de Bertrand, de nombreux étudiants en droit ont établi leurs quartiers dans un café de la ville, l'Union. Les tensions sont nombreuses entre ces jeunes gens, de jeunes bourgeois patriotes et les « gens de livrées » qui travaillent pour l'aristocratie.

À la suite de la manifestation, des heurts éclatent. Mais c'est le lendemain que les choses se corsent. Dans l'après-midi, un ouvrier teinturier arrive à l'Union. Il est blessé à la main et dit avoir été attaqué par des valets. Les étudiants prennent alors la direction du Palais pour demander justice. Passant devant le couvent des Cordeliers, ils se retrouvent face à une vingtaine de nobles armés. Les étudiants qui veulent en découdre, cherchent des armes. Ils pillent alors les magasins de la milice et s'emparent de 133 fusils avant de fondre sur la place du Palais où de violents combats s'engagent. Ils durent trois heures, font trois morts et une soixantaine de blessés...

François-René de Chateaubriand, député de la noblesse, qui était présent sur les lieux, relate ces événements dans ses « Mémoires d'outre-tombe ». « Las d'être bloqués dans notre salle, nous prîmes la résolution de saillir dehors, l'épée à la main (...). Plusieurs gentilshommes furent blessés, traînés, déchirés, chargés de meurtrissures et de contusions (...). Lecteur, je t'arrête : regarde couler les premières gouttes de sang que la Révolution devait répandre ». Le 28 janvier au matin, 400 chasseurs et grenadiers prennent possession de la place du Palais pour mettre fin aux émeutes.

Dans le même temps, 600 nobles et leurs partisans se réunissent aux Cordeliers tandis que 400 étudiants nantais, venus en renfort, entrent dans la ville. Le gouverneur de la province réussit à mener une médiation entre les deux camps qui acceptent finalement de déposer les armes. Les étudiants nantais, eux, quittent Rennes, une dizaine de jours plus tard.

HISTOIRE-4

Rome 73

À l’été 73 avant notre ère, à Capoue, une soixantaine d’esclaves tuent leurs gardiens et s’évadent. Bientôt mille fois plus nombreux, ils vont, pendant près de deux ans, mettre en déroute l’armée de Rome, la plus grande puissance du temps. La République prend peur et donne les pleins pouvoirs à un milliardaire, qui recrute cinquante mille hommes. En mars 71, l’armée des esclaves est vaincue. Les six mille survivants sont mis en croix le long des deux cents kilomètres de la voie Appienne, de Rome à Capoue. L’esclave qui les conduisait est mort au combat. Il s’appelait Spartacus, et il était gladiateur.

Il n’est pas tout à fait étonnant qu’une histoire aussi stupéfiante ait basculé du côté de la légende, son authenticité ayant été quelque peu oubliée. Pourtant, les faits sont attestés, et ce ne fut d’ailleurs pas la seule grande révolte d’esclaves. Mais, comme chacun sait, l’histoire est écrite par les vainqueurs, et si les historiens de la Rome antique, de Salluste à Plutarque, les ont bien commentées, en particulier celle de Spartacus, c’est avec une certaine parcimonie, et une tout aussi certaine absence d’empathie. Puis, au fil de l’enseignement des humanités et de la transmission de valeurs confortant l’ordre en place, l’épopée de Spartacus s’est effacée. La grande révolte des esclaves à Saint-Domingue au début des années 1790, l’admiration de Karl Marx, la Ligue spartakiste fondée en 1915 par Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht vinrent la réactiver. Il ne semble pas qu’aujourd’hui les programmes d’histoire en France lui accordent quelque importance.

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