vendredi 31 janvier 2020

ANGLETERRE ET EUROPE : 2000 ans d'amour-haine


(Édition 01.02.20)

ACTUALITÉ


Déjà, les manœuvres d’intimidation ont commencé. Fidèle à sa méthode, Boris Johnson entend attaquer l’UE à la hussarde, en pressant le calendrier et en jouant de la manière forte. C’est pour cela qu’il exclut une prolongation de la période de transition au-delà de la fin de l’année, alors que les délais paraissent très serrés. Imposer son rythme afin d’obtenir des concessions, c’est ce qu’il a fait en octobre dernier pour arracher son «deal» et cela lui a plutôt réussi. L’UE semble en avoir pris acte, en prévenant qu’il faudra de ce fait définir des priorités. L’essentiel du combat va se mener autour du niveau de «divergence» du Royaume-Uni avec les règles européennes. Plus elle sera importante, plus il y aura de distance dans la relation future, a averti Bruxelles.

HISTORIQUE 1: les Allemands

Ayant perdu son principal allié, la Grande-Bretagne reste seule avec ses Dominions, et attend l'invasion allemande. Usant de toute son éloquence, Churchill rallie son peuple et répète que la Grande-Bretagne est décidée à faire face à toute la furie et à toute la puissance de l'ennemi. C'est vraiment un ennemi terrible. Du nord de la Norvège jusqu'aux Pyrénées, toute la côte de l'Europe abrite des sous-marins, des navires et des avions ennemis qui menacent les voies de communication maritimes de la Grande-Bretagne; dans les airs, l'aviation allemande est trois fois plus nombreuse. Heureusement, Hitler hésite et remet à la mi-septembre l'Opération Sea Lion - l'invasion de la Grande-Bretagne.

Cependant, avant de tenter la traversée de la Manche, les Allemands devront venir à bout de la Royal Air Force. Le 12 août 1940, l'aviation allemande, la Luftwaffe, se lance contre la Grande-Bretagne, attaquant les stations de radar, bombardant les aérodromes et livrant des combats aux chasseurs britanniques en vue d'obtenir la suprématie des airs. Puis, au lieu de poursuivre cette stratégie qui pourrait lui assurer la victoire, la Luftwaffe entreprend des raids massifs, de jour, contre Londres; ceci donne aux chasseurs le répit nécessaire et ils peuvent infliger des pertes énormes à la Luftwaffe. Incapable d'acquérir la maîtrise des airs, Hitler remet indéfiniment l'Opération Sea Lion. La bataille d'Angleterre est terminée.

HISTORIQUE 2: les Espagnols

Elle est entrée dans l’Histoire comme la plus fantastique flotte de guerre jamais mobilisée. L’Invincible Armada de l’Espagne catholique allait en finir avec les prétentions maritimes de l’Angleterre hérétique. Dans son palais de l’Escurial aux airs de monastère, Philippe II, raide comme l’étiquette et froid comme le marbre, avait tout prévu : 130 navires de guerre gagneraient le pas de Calais pour embarquer les 100 000 hommes du duc de Parme, gouverneur de Hollande, les débarquer près de Londres et chasser du trône Elisabeth, la reine vierge qui collectionnait les amants.

Madrid régnait sur les mers. C’était gagné d’avance. En effet, le 30 juillet 1588, l’incroyable escadre entre dans la Manche. Un ouragan de voiles blanches à croix rouges, de pavillons, de drapeaux et de bannières aux effigies de tous les saints de toutes les Espagnes. Des châteaux forts ambulants surchargés de canons avancent comme une troupe d’éléphants que rien n’arrêtera. Et là, miracle, la flotte anglaise est coincée dans la baie de Plymouth. Vent et marée l’empêchent d’en sortir. La mer est calme, sobre comme une vieille dame. Les jeunes capitaines se précipitent en chaloupe sur le navire amiral. Il suffit d’entrer dans la rade, de pilonner les galions anglais au mouillage et la fière Albion sera envoyée par le fond une fois pour toutes. Le duc de Medina Sidonia est malheureusement d’une prudence de chanoine et d’une obéissance d’enfant. On lui tend l’enveloppe de la victoire et il ne la décachette même pas. Suspendu à la feuille de route royale comme le lustre à son crochet, il s’en tient aux ordres et file au nord.

La chance ne reviendra pas. Car, retardés par les insurgés du prince d’Orange, les troupes de Flandre ne sont pas au rendez-vous. Et impossible de les attendre sans s’abriter dans un port. Les Anglais attaquent à coups de bateaux suicides emplis de goudron, de poix, d’étoupe et de poudre que la marée jette sur la flotte ancrée le long des plages. Il faut rentrer. La Manche barrée par Francis Drake, il ne reste qu’à contourner les îles anglaises. Et là, le calvaire commence. Les falaises escarpées, les vents d’automne, les brisants, les embruns glacés, les vagues accourues d’Amérique, les déferlantes hautes comme les collines, le brouillard à couper aux hélices, la famine... En mer, les semaines comptent double, ou triple, voire plus. L’Armada n’est plus qu’un gibier traqué que le vent rabat sur les brisants et que la côte éventre. Irlandais et Écossais se partagent la viande autour du feu. Quinze mille hommes vont périr sans que les Anglais aient fait autre chose que sortir les griffes.

HISTORIQUE 3: les  Normands

Né en 1027, Guillaume est le fils du duc de Normandie Robert le Magnifique et d’Arlette (ou Herlève ou encore Herlotte). Cette dernière n’est pas une maîtresse de passage, mais la concubine tout à fait officielle du duc ; les deux parents ne sont simplement pas mariés. Au XIe siècle, le mariage n’est d’ailleurs pas encore entré dans les mœurs et il faudra des années de bataille pour que l’Eglise catholique parvienne à l’imposer.

Oui mais. Rappelons les faits : le roi d’Angleterre Edouard le Confesseur meurt en janvier 1066, sans laisser d’enfant. Son trône est convoité par trois personnes : Harold (un puissant baron du royaume), Harald (le roi de Norvège) et Guillaume. Les trois ont de bonnes raisons d’y prétendre ; Harold parce qu’il a été choisi officiellement par les nobles anglais, Harald en raison d’un ancien accord passé entre l’Angleterre et la Norvège, et Guillaume parce que, de son vivant, Edouard lui aurait promis le trône. Oui, lui aurait promis. Et d’ailleurs, à part le duc de Normandie, personne ne s’en souvient vraiment (et surtout pas Harold).

En septembre 1066, Harald (le Norvégien, donc) et ses troupes débarquent en Angleterre et occupent York. Harold et son armée vont à leur rencontre 25 septembre. Pour la faire courte : Harald meurt, les Anglais gagnent. Trois semaines après, les Normands débarquent à leur tour, mais cette fois dans le sud. C’est donc une armée anglaise déjà affaiblie qui est obligée en urgence d’aller s’opposer à Guillaume. L’affrontement a lieu à Hastings le 14 octobre. Le combat est d’abord incertain, mais la mort d’Harold – il reçoit une flèche dans l’œil – donne la victoire aux Normands. Guillaume devient «Le Conquérant», roi d’Angleterre.

HISTORIQUE 4: les Romains et les Anglosaxons

Du 1er siècle av. J.-C. au 1er siècle après J.-C., les Romains colonisent la Grande-Bretagne. Les nouveaux occupants apportent leur culture et leurs traditions artistiques, sources de brillantes réalisations jusqu'à la fin du VIe siècle. Au Ve siècle, commence " l'âge des ténèbres" : Bretons et Anglo-Saxons se disputent la possession du pays. Malgré le renouveau de la culture celtique, les Anglais sont les vainqueurs de cet affrontement définitif entre deux civilisations.

De la fin du VIe au VIIIe siècle, alors que l'autorité romaine est complétement évincée par la puissance des chefs bretons qui ont reconstitué leurs royaumes, les Anglo-Saxons débarquent sur les côtes anglaises. Après avoir combattu aux côtés des Bretons contre les Pictes, les Anglosaxons obtiennent le statut d'alliés fédérés. Cette reconnaissance de leurs droits est le signal d'une ascension irrésistible qui les conduit à la domination de l'île à laquelle ils imposent leurs civilisations.

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vendredi 24 janvier 2020

LES GRANDES ĖPIDÉMIES: causes et effets



(Ėdition 25.01.20)

ACTUALITÉ


Gares, aéroports et autoroutes sont bouclés par la police et l’armée dans la ville de Wuhan (11 millions d’habitants) mise en quarantaine depuis jeudi 23 janvier pour prévenir l’expansion du nouveau coronavirus apparu dans la ville le mois dernier. La Chine a décidé de placer deux autres villes voisines en confinement.

HISTORIQUE 1: 1917 Grippe "espagnole"

Rappelons que depuis le mois d’avril 1917, les États-Unis sont eux aussi en guerre. Un peu partout au pays, des camps d’entraînement, où les soldats s’entassent quelques semaines dans des baraques de fortune avant d’être envoyés vers la France, sont organisés à la hâte. Le camp Funston, dans le Kansas, est un de ceux-là: plus de 56 000 militaires y sont cantonnés. Début mars, le premier cas de grippe y est signalé. Trois semaines plus tard, ce sont des milliers de soldats qui sont cloués au lit ; 237 développent une pneumonie et on dénombre 38 décès, relate le microbiologiste français Patrick Berche, dans son livre Faut-il encore avoir peur de la grippe ? Histoire des pandémies (Odile Jacob, 2012).

Rapidement, la grippe émerge dans d’autres camps, puis dans la population civile. « La mobilisation de l’armée américaine est brutale, explique l’auteur, directeur général de l’Institut Pasteur de Lille. Il y a une grande promiscuité dans les camps, puis les soldats partent en train sur la côte est. On imagine bien qu’avec 200 militaires dans un wagon, non seulement la probabilité de contamination est forte, mais la charge de l’inoculum, c’est-à-dire la quantité de virus contractée, est aussi extrêmement élevée. » Très contagieuse, la grippe est toutefois relativement bénigne – avec une mortalité d’environ 2 pour 1000.

Sans surprise, elle gagne l’Europe en avril 1918, voyageant en bateau avec les renforts américains. « Les premiers foyers sont signalés dans les ports de débarquement, notamment à Brest et à Bordeaux. En mai, on déclare quotidiennement, à l’arrière du front, entre 1500 et 2000 cas», rapporte le docteur Berche. L’expansion est rapidement mondiale, en raison de l’intense trafic maritime. Fin mai, l’Inde déplore ses premiers cas, chez les dockers de Bombay ; c’est ce pays qui paiera finalement le plus lourd tribut, avec environ 20 millions de morts.

Épargnés par la censure qui muselle les médias des pays en guerre, les périodiques d’Espagne, pays neutre, sont les premiers à évoquer l’ampleur de l’épidémie – laquelle sera appelée, par métonymie, grippe « espagnole ». « En France, à ce moment-là, on ne trouve presque rien sur le sujet dans les journaux, souligne le docteur Berche. On ne voulait pas démoraliser les troupes. » D’ailleurs, du côté des Alliés, on met en doute le caractère naturel de la maladie : certains médecins militaires soupçonnent les Allemands d’avoir introduit des « bacilles » dans des boîtes de conserve alimentaire de provenance espagnole. Il faut dire que le virus de la grippe ne sera identifié qu’en 1933, et qu’on ignore alors tout des différents agents infectieux.

HISTORIQUE 2: XIVe siècle La peste noire

«Vous voulez réduire les inégalités? Essayez la peste noire.» Sous ce titre provocateur, l'éditorialiste conservateur du Washington Post George Will chronique le récent ouvrage d'un historien de Stanford, Walter Scheidel, intitulé The Great Leveler: Violence and the History of Inequality from the Stone Age to the Twenty-First Century:

«En tuant entre 25% et 45% des Européens au milieu du XIVe siècle, la peste bubonique a, explique Scheidel, radicalement changé le rapport de valeur entre la terre et la force de travail, au bénéfice de cette dernière.»

Dans un récent article, l'économiste italien Guido Alfani, emprutant notamment aux données sur les inégalités compilées par Thomas Piketty, retrace d'ailleurs la proportion de la richesse détenue par les 10% d'Européens les plus riches depuis 1300. Après la Peste noire, celle-ci tombe de plus de 65% à moins de 50% en un siècle environ, et ne revient à son point de départ qu'au début du XVIIIe siècle; elle atteint ensuite son apogée au début du XXe siècle (même si, entretemps, l'étendue géographique de l'Europe prise en compte à changé), à environ 90%, avant de chuter sous les 60% au milieu du siècle. Elle est depuis remontée, pour atteindre à peu près le niveau qu'elle avait avant la Peste noire.

HISTORIQUE 3: Rome impériale

La ville de Rome connut à la période antique une prospérité et un dynamisme économique, social et démographique hors du commun, qui la hissèrent au rang de cité la plus importante d'Occident. Du milieu du IIIe siècle avant notre ère jusqu'au Haut-Empire, au IIe siècle, la population passa de 250 000 à 750 000, voire à un million d'habitants. Rançon du succès, la ville éternelle devint surpeuplée, ce qui a contraint les classes les plus démunies à vivre dans une grande promiscuité. Ces conditions favorisèrent la diffusion des maladies au sein de la population et expliquent au moins en partie le caractère récurrent des épidémies qui marquèrent durement la ville. Parmi ces épisodes, certains se distinguèrent par leur ampleur et leur virulence.

C'est notamment le cas de la peste dite antonine, qui frappa l'Empire à la fin de la dynastie des Antonins, durant les règnes de Marc Aurèle et de Commode, entre 165 et 190. On dit même, mais l'idée est très discutée, qu'elle fut un des facteurs de la fin de l'Empire romain ! Comment les autorités romaines faisaient-elles face à ces crises où les cadavres affluaient ? Pour répondre, nous devons plonger dans les textes, mais aussi dans les catacombes.

L'histoire de ces pics de mortalité liés à des agents infectieux est plutôt bien documentée, en particulier pour la période de la République. De nombreuses sources rendent compte de crises épidémiques, dont le nombre varie selon la période. Les données sont moins nombreuses pour la période impériale, mais elles témoignent cependant de plusieurs épidémies meurtrières survenues au cours des premiers siècles de notre ère, des crises qui s'imposent comme des repères chronologiques et historiques essentiels. Ainsi, l'épidémie de 189 aurait fait plus de 2 000 victimes par jour, à en croire l'historien grec Dion Cassius qui fut l'un des rares auteurs à fournir une narration quasi contemporaine de l'épidémie. Cette estimation est débattue, mais elle montre le caractère massif de la mortalité durant certaines crises épidémiques.

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samedi 18 janvier 2020

PROCÈS POLITIQUES


(Édition 18.01.20)

ACTUALITÉ


Le procès en destitution de Donald Trump s'est ouvert au Sénat, jeudi 16 janvier, avec la lecture solennelle de l'acte d'accusation du président américain, le troisième de l'histoire des États-Unis. Même s'il doit être jugé pour abus de pouvoir et entrave au travail du Congrès, le milliardaire a toutes les chances d'être acquitté au Sénat, où les élus de son parti disposent d'une majorité de 53 sièges.

HISTORIQUE 1: Louis XVI (1792)

Louis XVI comparut devant ses "juges" le mardi 11 décembre 1792 et Barère, le Président de la Convention Nationale à cette période, ordonna la lecture de l'acte d'accusation (cf. supra).
S'ensuivit un long interrogatoire mené par le Président qui, reprenant chaque point, força l'accusé à se justifier. Les réponses de l'ancien souverain, convenues, n'en furent pas moins dans certains cas parfaitement valables : le meilleur exemple reste celui des vétos royaux sur les prêtres réfractaires, procédures moralement insoutenables pour les révolutionnaires et pourtant totalement légales au regard de la Constitution.
Mais la défense trop timorée de Louis, de son propre aveu, suffit à lui commander de s'entourer d'un "conseil de défense" accordé par les députés le 12 décembre... Le 26 décembre, le roi et ses avocats sont entendus par la Convention...

On demanda alors à l'accusé s'il souhaitait s'exprimer publiquement. Voici la retranscription exacte du dernier discours officiel du roi à ses anciens sujets :
"On vient de vous exposer mes moyens de défense, je ne les renouvellerai point ! En vous parlant peut-être pour la dernière fois, je vous déclare que ma conscience ne me reproche rien, et que mes défenseurs ne vous ont dit que la vérité. Je n’ai jamais craint que ma conduite fût examinée publiquement, mais mon cœur est déchiré de trouver dans l’acte d’accusation l’imputation d’avoir voulu répandre le sang du peuple, et surtout que les malheurs du 10 août me soient attribués. J’avoue que les preuves multipliées que j’avais données dans tous les temps de mon amour pour le peuple, et la manière dont je m’étais toujours conduit, me paraissaient devoir prouver que je craignais peu de m’exposer pour épargner son sang, et éloigner à jamais de moi une pareille imputation."...

Comme évoqué pour la question de la culpabilité, le vote à voix haute a définitivement annihilé les espoirs de sursis pour l'ancien souverain : question la plus épineuse, la pression avait atteint proportionnellement son paroxysme. De fait, chaque député ne votant pas la mort était invectivé, injurié et même menacé par la foule qui s'était déplacée en masse sur les lieux du jugement.

HISTORIQUE 2: Charles 1er (1649)

1647 : les Écossais viennent de livrer Charles Ier au Parlement en janvier. La majorité presbytérienne est prête à conclure un accord avec lui, à la fureur de la minorité puritaine (ou indépendante). Or, l'armée est tout entière du côté des minoritaires. Et Cromwell voit dans l'accord des presbytériens avec le roi une véritable trahison...

Charles Ier a réussi à s'échapper. Réfugié à l'île de Wight, il négocie avec les Écossais sur la base du presbytérianisme. Cromwell part à la rencontre des Écossais, qui, sous le commandement de Hamilton, sont entrés en Angleterre le 8 juillet 1648. Ce dernier, avec une armée supérieure en nombre, s'aventure imprudemment dans un pays hostile. Cromwell, d'ailleurs, lui laisse la voie libre, et c'est à revers qu'il vient attaquer à un moment où les forces écossaises sont dispersées sur près de 60 km. En une série de petits combats séparés, il taille en pièces les Écossais et les royalistes anglais. Peu parviennent à s'échapper. Dès la fin du mois d'août, la guerre est pratiquement finie. La rivalité qui oppose le duc d'Argyll à Hamilton permet à Cromwell de régler rapidement la situation en Écosse (septembre). Et celui-ci revient à Londres pour le règlement définitif de la question politique...

Pendant que Fairfax et Cromwell combattaient et faisaient triompher les armes de la révolution puritaine, les sentiments presbytériens de la majorité des membres du Parlement incitaient celui-ci à reprendre les négociations avec le roi, dont nul ne pouvait penser pourtant qu'il tienne ses engagements un jour. La réaction de Cromwell et de l'armée à leur retour est violente. Au matin du 6 décembre 1648, les députés trouvent le colonel Pride assis à la porte du Parlement : ceux que l'armée n'apprécient pas ne peuvent entrer ; s'ils protestent, ils sont aussitôt arrêtés. Il ne reste plus en place que le « croupion » d'un Parlement, puisque tel est le surnom qu'a gagné le reste du « Long Parliament » à la purge de Pride (Rump Parliament).

Cromwell semble avoir essayé de reprendre à son compte les négociations avec le roi : mais l'intransigeance de ce dernier met vite un terme à cet effort. Le 28 décembre 1648, un tribunal est constitué pour juger le roi. Il faut le modifier, et ce n'est que le 6 janvier 1649 que sa forme définitive est arrêtée. Du 20 au 26 janvier se déroule le procès, et, le 27, le roi est condamné. Il est certain que Cromwell s'est alors décidé à ce que le roi soit exécuté. Il fait tout pour que les jurés puissent résister aux pressions qui s'exercent sur eux, qu'elles viennent des modérés, de pays étrangers (intervention de l'ambassadeur de Hollande) ou des Écossais. Mais toute l'armée est derrière lui, et c'est avec joie qu'elle voit tomber, le 30 janvier, la tête de Charles Ier.

HISTORIQUE 3: Jeanne d'Arc (1431)

Le tribunal d'Église qui doit la juger est présidé par Pierre Cauchon, l'évêque de Beauvais, dont dépend Compiègne, le lieu de sa capture.  Cauchon est un théologien respecté de l'Université de Paris, d'environ 60 ans. Il est entré au service du duc de Bourgogne, ce qui lui a valu l'évêché de Beauvais. Désireux de se faire bien voir des Anglais, il arrange le procès en hérésie et pour cela s'adjoint le concours du frère dominicain Jean Le Maître, vicaire de l'inquisiteur en France. Jeanne devant ses juges (lettrine d'un manuscrit du XVe siècle, BNF)Le procès s'ouvre le 9 février 1431 avec les deux juges et quelques dizaines d'assesseurs. Il est fréquemment suspendu et à plusieurs reprises, le très puissant cardinal de Winchester vient remplacer Cauchon à la tête du tribunal.

Ces ecclésiastiques admettent difficilement que Dieu ait pu s'adresser par-dessus leurs têtes à une fille du peuple. Ils dépêchent des enquêteurs à Domrémy mais les témoignages des habitants sont si favorables à l'accusée qu'ils doivent détruire leur rapport. Ils reprochent à Jeanne d'avoir revêtu des habits d'homme (sic), en contradiction avec un précepte du Deutéronome, d'avoir essayé de se suicider à Beaurevoir (il s'agissait en fait d'une tentative d'évasion) et bien sûr d'avoir eu de fausses visions.

Incapable de faire fléchir la jeune fille et pressé d'en finir par le cardinal de Winchester, qui se dispose à quitter Rouen, l'évêque Cauchon précipite la procédure. Il soumet à Jeanne un réquisitoire de douze articles qu'elle récuse en bloc. Il décide alors de lui faire peur. Le 24 mai 1431 au soir, Jeanne est traînée au cimetière de l'abbatiale de Saint-Ouen où a été préparé un bûcher. Sur une estrade se tient le cardinal de Winchester. Le bourreau est prêt à l'ouvrage. On la menace de torture et on lui montre les instruments. Puis l'évêque Cauchon lit l'acte d'accusation par lequel il la livre au bras séculier afin qu'elle soit brûlée (l'Église s'interdit de procéder elle-même à une exécution). Mais il lui fait savoir aussi que, si elle se rétracte et renonce à ses habits d'homme, elle sera confiée à l'Église et échappera à la mort...

Jeanne, épuisée, signe un document par lequel elle accepte de se soumettre à l'Église et de reprendre ses habits de femme. La sentence de mort est commuée en un emprisonnement à vie.
 Jeanne d'Arc revient dans sa cellule au grand mécontentement des Anglais qui auraient voulu une exécution rapide. Les soldats menacent même de s'en prendre aux juges et à l'évêque... Mais quelques jours plus tard, s'étant fait dérober ses vêtements et craignant à juste titre pour sa vertu, elle reprend des habits d'homme, ce qui lui vaut d'être cette fois condamnée au bûcher comme relapse (se dit de quelqu'un qui retombe dans l'hérésie).

Vêtue d'une robe soufrée destinée à la faire brûler plus vite et coiffée d'une mitre sur laquelle sont écrits des mots infâmants, la jeune fille est conduite sur le lieu de son supplice. Détail sordide : le bûcher étant trop élevé, le bourreau Geoffroy Thérage se trouve dans l'impossibilité d'étrangler sa victime avant que les flammes ne l'atteignent, ce qui vaut à Jeanne de périr vive dans de grandes souffrances. Comme Winchester souhaite un ultime aveu, l'évêque Cauchon s'approche des flammes mais c'est pour s'entendre dire : «Évêque, je meurs par vous ! ». Et dans un dernier défi, elle murmure: «Que j'aie bien fait, que j'aie mal fait, mon Roi n'y est pour rien !...» Un des juges, pris de remords, confiera : «Je voudrais que mon âme fût où je crois qu'est l'âme de cette fille ! »

Après le supplice, le bourreau se voit chargé de jeter les cendres dans la Seine afin d'éviter qu'elles ne deviennent objet de ferveur.

(COMMENTAIRE : ce dernier élément ne vous rappelle-t-il pas quelque chose…)
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vendredi 10 janvier 2020

SPECTACULAIRES ÉVASIONS


(Édition 11.01.20)

ACTUALITÉ


Ce mardi matin, Carlos Ghosn a confirmé dans un communiqué être arrivé au Liban. Assigné à résidence au Japon, où il est sous le coup de quatre inculpations, l'ancien patron de Renault-Nissan s'est enfui à Beyrouth.

HISTORIQUE 1 : Napoléon III 1846

Cinq ans et demi plus tard, il se morfond toujours dans sa prison picarde du Ham. En ce printemps 1846, Louis-Napoléon, 38 ans, ne pleure pas seulement son père, mais son rêve impérial qui s'éloigne. Derrière les murailles épaisses, encadrée par quatre tours basses et un pont-levis, le prince n'est pourtant pas si mal loti : une chambre et un bureau doté d'une bibliothèque, où il écrit plusieurs essais, dont le très remarqué « Extinction du paupérisme » inspiré des thèses socialistes. Il est entouré d'un valet, d'une cuisinière, et de deux fidèles compagnons qui ont scellé leur sort au sien…

Sauf que la garnison est forte de 400 soldats et de 60 sentinelles veillant au grain. Le commandant s'assure quatre fois par jour que son célèbre prisonnier ne s'est pas carapaté, et remet quotidiennement son rapport au ministre de l'Intérieur ! D'ailleurs, personne ne s'est jamais échappé de cette forteresse qui a notamment « accueilli » le prince - frondeur - de Condé et le sulfureux marquis de Sade. Ses larmes séchées, la nature audacieuse de Bonaparte reprend le dessus. Il n'a plus qu'une idée en tête : s'évader. La solution se trouve sous ses yeux. Plafond mité, murs en lambeaux, carrelage bosselé et fenêtres ouvertes à tout vent : à l'image du fort médiéval, sa maisonnée croule sous le poids des ans. Pendant sa détention, de gros travaux ont été entrepris aux frais de l'État, mais puisqu'il en réclame d'autres, ce sera à ses frais, préviennent ses geôliers. Pas de problème : depuis la mort de sa mère, la princesse Hortense de Beauharnais, en 1837, il est richissime. Les maçons peuvent donc s'attaquer au rafraîchissement du pavillon. Parmi eux, le dévoué Pinguet.

Le 25 mai 1846, à l'aube, les conjurés passent à l'action. Louis-Napoléon rase sa barbe et sa longue moustache, se coiffe d'une perruque achetée en ville par son valet. Il enfile à la hâte la blouse, la casquette, les sabots et le pantalon élimé de Pinguet. C'est l'heure de partir. Il se poudre les joues de rouge, pour faire plus « ouvrier », cale une planche de sa bibliothèque sur l'épaule, descend dans la cour et se coule dans le va-et-vient des maçons. Pendant que le valet fait diversion en faisant japper (le chien auquel on avait donné  le nom de la prison) « Ham », il se joue des gardes du pont-levis, le visage dissimulé derrière sa planche de salut. A lui la liberté (il rejoint Bruxelles puis l'Angleterre) puis le pouvoir : après la chute de Louis-Philippe en 1848, il est triomphalement élu président de la IIe République avant l'ultime coup de force qui le sacre empereur. Napoléon III n'oubliera jamais l'amitié de Pinguet et lui versera même une coquette somme.

HISTORIQUE 2 : Casanova 1756

Le 31 octobre 1756 à Venise ! Nous nous apprêtons à suivre Giacomo Casanova dans sa très célèbre évasion de la prison des Plombs ! "Très célèbre évasion", car ce récit fera, par la suite, la gloire du jeune Casanova dans toute l’Europe. La prison des Plombs se trouve dans les combles du palais des Doges ; elle tient son nom d’un toit fait de plaques de plombs : il y fait donc très chaud l’été, très froid l’hiver.

Pour libertinage, escroquerie, peut-être aussi pour appartenance maçonnique. Il faut vous dire que c’est un drôle de zèbre, ce Casanova, un aventurier. Il a eu mille vies. N’oubliez pas non plus qu’on est dans la Venise du XVIIIe siècle, où la justice s’exerce largement sur dénonciation, ce coureur de jupons aura tout simplement pris son épouse à un notable.

Après des tentatives qui ont duré des mois, il a réussi à percer la paroi séparant sa cellule de la cellule voisine, patiemment, avec ce qu’il appelle son "esponton" et ce 31 octobre, un peu avant minuit, il réussit à passer à côté, chez le père Balbi, et à en ouvrir le plafond. Les deux hommes soulèvent l’une des plaques de plomb et grimpent sur le toit qui est très pentu ! Le père Balbi, dans la manœuvre, perd un sac qui va finir dans le canal en contrebas. Finalement, les deux compères se cramponnent à l’arête du toit et, cette fois, le père Balbi perd son chapeau ! C’est un peu un boulet, ce père Balbi. Enfin, ils parviennent à se glisser dans un grenier donc hors de la prison : une porte, deux portes, un grand escalier et les voilà dans un salon ! Ils réussissent à forcer le volet d’une des fenêtres : à eux la place Saint-Marc, à eux la liberté ! C’est le début de nouvelles aventures de Casanova.

HISTORIQUE 3 : Hugo Grotius 1621

Après 1610, un conflit religieux éclata entre les remontrants et les contre-remontrants. Hugo Grotius prit le camp des remontrants, raison pour laquelle le Stadhouder et prince Maurice le condamna à l'emprisonnement à vie, d'abord à La Haye puis dans la forteresse de Loevestein.

De temps en temps, les gardiens transportaient une grande caisse de livres entre le prisonnier Grotius et sa famille à Gorinchem. Le 22 mars 1621, c'est Hugo lui-même qui se trouvait dans la caisse... Les gardiens, ne se doutant de rien, l'amenèrent ainsi à l'extérieur et Hugo Grotius s'enfuit à Paris. Cette histoire devint célèbre; il existe aujourd'hui plusieurs caisses dont il est dit qu'Hugo Grotius se cacha dedans pour s'évader. L'une d'entre elles se trouve dans le Prinsenhof à Delft.

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dimanche 5 janvier 2020

EDITION SPECIALE : La Perse/Iran et le monde gréco-romain

Ėdition spéciale : relations entre la Perse/Iran et le monde gréco-romain

ACTUALITÉ

AFP Vendredi, 3 janvier 2020

La mort du général iranien Qassem Soleimani, figure clé de l’influence de la République islamique au Moyen-Orient, tué dans un raid américain tôt vendredi à Bagdad, a suscité l’inquiétude à travers le monde, les principales chancelleries appelant à la «retenue» pour éviter une «escalade», alors que Téhéran et ses alliés menacent de représailles. 

HISTORIQUE 1 : Etats-Unis

Le 3 juillet 1988, le croiseur américain USS Vincennes abat un Airbus A300B2 d'Iran Air au cours d'un vol commercial régulier dans l'espace aérien iranien alors qu'il survolait le détroit d'Ormuz causant la mort de 290 civils de six nationalités différentes et comptant parmi eux 66 enfants. Le 22 février 1996 les États-Unis accepteront de payer à l'Iran la somme de 61,8 millions de dollars (environ 42.5 millions d'euros) en dédommagement des 248 Iraniens décédés au cours de cet incident. Cette somme représente toutefois bien moins que les sommes qui avaient été prélevées sur les avoirs iraniens gelés aux États-Unis en compensation de la prise d'otages américains. Les États-Unis ont également pris 65 millions de dollars (environ 48,3 millions d'euros) sur ces avoirs à la suite de la prise d'otage de trois ressortissants américains par des groupes libanais qui, selon les États-Unis, avaient bénéficié d'un soutien indirect de l'Iran. À ce jour les États-Unis n'ont toujours pas remboursé l'Iran pour l'avion lui-même qui valait plus de 30 millions de dollars (environ 23 millions d'euros).



HISTORIQUE 2 : Byzance

Au début du VIIe siècle, l’Empire perse semble dominer partout. Les Byzantins, divisés, sont chassés de leurs terres. Les Arabes surgissent. Mais un capitaine d’exception nommé Flavius Héraclius reconstitue l’Empire d’Orient et lui donne quatre siècles de répit…
en 602, l’Empire byzantin implose. Un général rebelle, Phocas, fait mettre à mort l’empereur Maurice et ses quatre fils, puis ceint la couronne. Des révoltes éclatent sous les prétextes les plus divers. Pour le Perse Chosroès II, c’est l’occasion ou jamais d’en finir avec Byzance. Prétendant “venger” Maurice, qui lui avait autrefois accordé asile, il se lance, en 609, dans une invasion à grande échelle et soigneusement préparée.…Vers 620, les Perses semblent avoir remporté une victoire totale et rétabli l’empire de Cyrus le Grand. Les Byzantins ne tiennent plus que Constantinople, l’Ionie, des lambeaux des Balkans et de la Grèce, disputés aux Barbares slaves et turcs, et les territoires d’Occident reconquis par Justinien le Grand : Carthage et la province d’Afrique, la Sicile, la plus grande partie de l’Italie.

« Si les Perses avaient eu une flotte… », ont écrit les historiens Clément Huart et Louis Delaporte. Mais cette flotte, ils ne l’ont pas, au contraire des Byzantins. C’est ce qui fait la force de ces derniers. Dès 609, c’est par la mer qu’Héraclius, le “héros blond”, fils du gouverneur byzantin de Carthage, s’empare de Thessalonique, avec une armée fraîche recrutée dans les provinces d’Occident. L’année suivante, il entre à Constantinople et dépose Phocas : « N’as-tu point honte d’avoir si mal régné ? » lui lance-t-il. Phocas répond : « Nous verrons si tu feras mieux que moi. » Héraclius lui tranche la tête d’un coup d’épée. Mais tout en étant capable de colère envers des individus et d’audace stratégique quand les circonstances s’y prêtent, le nouvel empereur sait aussi patienter. Il attend douze ans avant d’engager une contre-offensive contre les Perses : le temps de stabiliser la situation dans les Balkans, en autorisant l’installation de certains Barbares, et de réorganiser l’État, l’Église et l’armée.

…622, deux débarquements, sur les côtes de la Méditerranée et de la mer Noire, lui permettent de prendre en tenaille les forces perses d’Anatolie ; il marche sur le Levant — Jérusalem est reprise en 624 — et la Mésopotamie. Mais la fortune semble se renverser à nouveau pendant les deux années suivantes, son armée échappe de peu à un désastre sur l’Euphrate, puis c’est Constantinople qui est sur le point de tomber devant un assaut conjoint des Avars et des Perses. Mais la capitale, galvanisée par le patriarche Sergius, tient bon sur terre et la flotte byzantine parvient à desserrer l’étau naval perse.

Finalement, en 627, Héraclius effectue une percée décisive en Mésopotamie, en s’emparant de Ctésiphon, la capitale des Sassanides. Le Byzantin se contente d’un retour aux frontières d’avant 609. Il estime sans doute qu’une campagne prolongée à l’intérieur de la Perse serait trop risquée, alors que la paix — que semble garantir une anarchie grandissante en Perse, où plusieurs prétendants se disputent le pouvoir — lui donne la possibilité de réorganiser ses États et donc de reconstituer ses forces.

HISTORIQUE 3 : Grèce 

Pendant deux siècles environ (Ve et IVe av. J. C.), les Perses ont représenté pour les Grecs l'ennemi héréditaire, comme les Anglais et les Allemands le furent successivement pour les Français il n'y a pas si longtemps (Isocrate, Panégyrique - Lysias, Oraison funèbre). Tout le monde a plus ou moins présentes à l'esprit les guerres médiques engagées par Darius pour subjuguer la Grèce tout entière en 490 ( Marathon), puis par son successeur Xerxès en 480 (Salamine), et la conquête et la destruction de l'Empire perse (334-323) par Alexandre le Grand, roi de Macédoine, réalisant le rêve qui avait hanté tant d'esprits depuis la résistance victorieuse à l'envahisseur barbare : tirer vengeance des maux que les Perses avaient infligés à la Grèce.

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samedi 4 janvier 2020

FUIR LA NATURE


(Édition 04.01.20)


ACTUALITÉ : Australie

RFI 31.12.19

Les feux continuent de ravager forêts et habitations, des feux rendus encore plus dangereux depuis quelques jours par une nouvelle vague de chaleur. Trois personnes ont été tuées dont un pompier ces dernières 24 heures. Ce matin, dans le sud-est du pays, des milliers de personnes ont dû fuir la cité balnéaire de Mallacoota, à 500 kilomètres à l’est de Melbourne, pour se réfugier sur la plage pour fuir un gigantesque incendie.

HISTORIQUE 1 : 79 Pompeï

D'après les données communément admises, l'éruption serait survenue en août 79 mais certains évoquent plutôt le mois d'octobre ou de novembre. L'après-midi de ce jour fatidique, le Vésuve se serait réveillé et aurait craché un gigantesque nuage de cendres et de roches incandescentes, recouvrant totalement les villes voisines de Pompéi, Herculanum et Stabies d'une couche de plusieurs dizaines de centimètres.

Sous le poids des roches et des cendres, des maisons s'effondrent sur leurs habitants. D'autres meurent étouffés par les nuées ardentes. Plusieurs heures plus tard, le volcan toujours en activité libère des coulées de lave qui dévalent rapidement les flancs pour engloutir et détruire tout sur leur passage. Les habitants fuient face à ces coulées rougeoyantes et très chaudes mais tous ne parviendront pas à s'échapper.

Certains se retrouvent brûlés, bloqués, d'autres meurent asphyxiés. L'éruption s'achève le lendemain au soir. En à peine 48 heures, elle aura rayé de la carte plusieurs villages, tué quelque 16.000 habitants (selon les estimations) et modifié complètement le paysage. D'après les découvertes, la catastrophe aurait été précédée de plusieurs petits séismes, des signes précurseurs auxquels les habitants habitués aux secousses n'ont pas fait attention.

HISTORIQUE 2 : 1923 Tokyo

Une des zones urbaines les plus densément peuplées au monde a été le théâtre d’une catastrophe dévastatrice. Le 1er septembre 1923, à 11 h 58, la région de Tokyo-Yokohama a été secouée par un séisme estimé à 7,9 (échelle de Richter), entraînant dans la mort des milliers de personnes.

Mais les Japonais n’étaient pas au bout de leurs peines. Le tremblement de terre fut accompagné d’un tsunami et de 88 incendies alimentés par des vents forts provenant d’un typhon.

Le rapport officiel fait état de 141 720 morts et de 580 397 bâtiments détruits. Des habitants d’origine coréenne, soupçonnés d’avoir allumé des incendies, ont également été tués par des milices populaires.

HISTORIQUE 3 : 2006  Louisiane

"C'est vraiment le chaos pour le moment", a reconnu le directeur de la police de Louisiane, H.L. Whitehorn.

Les rues de la Nouvelle-Orléans sont sillonnées par des gens assoiffés et affamés, et par des bandes de pillards armés qui n'hésitent pas à faire feu sur les habitants et les autorités. Celles-ci mettent à sac les boutiques du centre-ville. Les armes d'un supermarché Wal-Mart auraient entièrement disparu, un cauchemar pour la police. A l'entrée de la ville, sur la seule route ¬ partiellement inondée ¬ qui permet encore d'accéder à La Nouvelle-Orléans, un policier prévient : «Faites très attention, c'est la folie, ils tirent sur les journalistes, les flics, et même les secours.»

Avec l'importance des pillages et des tensions entre les habitants des villes sinistrées, les gouverneurs des Etats touchés ont ordonné le déploiement de 40 000 Gardes nationaux supplémentaires actuellement en route, ce qui portera à 50 000 le nombre total de Gardes nationaux mobilisés. De plus, 300 soldats qui reviennent de l'Irak ont été déployés dans la ville avec ordre de tirer à vue sur les pillards : "«Ils ont des (fusils d'assaut) M-16, chargés. Ils savent comment tirer et tuer et sont plus que volontaires pour le faire si nécessaire et j'espère qu'ils le feront», a déclaré Mme Blanco, d'un ton ferme.

Par exemple, de nombreux magasins d'alimentation, d'électronique, des bijouteries ont vu leurs vitrines et leurs portes défoncées à la Nouvelle-Orléans. Des pillards sortaient tranquillement des magasins les bras pleins, des scènes qui ont semé l'angoisse dans cette ville connue pour son amour du jazz et sa décontraction.

Les bagarres se multiplient dans une ville où il est maintenant question de survivre puisqu'il n'y a plus d'eau potable, pas de nourriture et un risque sanitaire grandissant. Ainsi, l'administration Bush a déclaré l'état d'urgence sanitaire dans les secteurs touchés, par crainte de maladies.


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