vendredi 29 mars 2019

ENLÈVEMENT D'ENFANT : rumeurs et réalités

(Édition 30.03.19)


ACTUALITÉ

Le Monde  27.03.19


Agressés après des rumeurs de rapts d’enfants, les Roms de Bobigny vivent dans la peur.

Le mythe du Tzigane voleur d’enfants est revenu, amplifié sur les réseaux. A Paris, la Préfecture de police répète que les rumeurs sont « totalement infondées ».

HISTOIRE-1 : En Nouvelle-France

Mais la paix de Ryswick entre la France et l’Angleterre ne dura guère plus de quatre ans. Jacques II étant mort en France, le 16 septembre 1701, Louis XIV reconnut pour roi d’Angleterre le fils du monarque détrôné. Ce geste blessa l’orgueil anglais et la guerre éclata de nouveau en Europe, le 4 mai 1702. Elle fut portée immédiatement aux colonies.

En Amérique du Nord, n’étant que 16 mille contre 262 mille, les Français reprirent leur tactique de frapper d’épouvante les populations dont ils pouvaient avoir à craindre les attaques. Les alliés amérindiens avaient également à venger les déprédations commises par les Anglais et les Iroquois contre leurs frères en Acadie. Alors recommencèrent les expéditions contre les villages de la Nouvelle-Angleterre.

Comme auparavant, les expéditionnaires revinrent avec des chevelures et ramenèrent les prisonniers, des enfants surtout. Le but de ces captures était d’obtenir de fortes rançons. Mais souvent ces prisonniers étaient adoptés par des familles canadiennes et se convertissaient à la foi catholique. Ils entraient même dans des communautés religieuses. Lorsque par la suite il était question de les racheter ou de les échanger, ils préféraient se fixer en Nouvelle-France. On a publié des pages entières de noms d’Anglais ainsi naturalisés.

HISTOIRE-2 : En France

La politique antiprotestante de Louis XIV prit plusieurs formes et eut plusieurs conséquences: violences militaires pour arracher des abjurations, emprisonnement des irréductibles, exode de milliers de huguenots et saisie de leurs biens abandonnés en France. Tout était lié. L’histoire des pressions et des violences à l’encontre des enfants et des jeunes gens protestants est beaucoup moins bien connue. Les enfants furent pourtant utilisés sans vergogne pour briser la résistance passive de ceux qui, malgré tout, restaient fidèles à la foi réformée. On enleva ainsi plusieurs milliers d’enfants protestants de leur famille pour les « rééduquer » dans des maisons dites « des Nouveaux Catholiques ». On dressa alors les frères contre les sœurs et les fils et les filles contre les pères et les mères, de telle sorte qu’on put parler d’une véritable « perversion des familles ».

HISTOIRE-3 : Europe avant le 11ème

Rosa Amelia Plumelle-Uribe précise que les castrés sont souvent très jeunes et la mortalité est terrible. Elle ajoute :

Les médecins juifs les opèrent, les marchands arabes les vendent et les mécènes chrétiens les utilisent dans leurs chapelles ou leurs corps de ballet. Bel exemple de solidarité monothéiste !.

Mais officiellement les esclaves vendus par les Francs disparaissent peu à peu au Xe siècle, du fait de la christianisation complète de l'Europe continentale. Enfin, c'est ce que les manuels scolaires racontent. A Venise on vend toujours 5.000 esclaves au Xe siècle et les trafiquants d'esclaves chrétiens vendent des chrétiens aux musulmans à Tunis, nous disent dans L'Europe et l'islam: quinze siècles d'histoire, de Henry Laurens, John Victor Tolan et Gilles Veinstein (2009).


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samedi 23 mars 2019

COUPABLE PORNO


(Édition 23.03.19)

ACTUALITÉ

A La Réunion


Cette fois-ci, c’est du côté de l’université que les regards se tournent depuis que, mardi, Zinfos974 a révélé que deux enseignants d’origine espagnole avaient l’intention de faire traduire à leurs élèves des textes à caractère pornographique. Ils ont été suspendus.

HISTOIRE-1
Au 19ème siècle

L’ère victorienne instaure un puritanisme tel, que la pornographie connaît une répression presque totale. La morale et la décence de l’époque imposent des limites extrêmement strictes en matière de représentation sexuelle, autant dire qu’une peinture de triple pénétration anale n’est pas à l’ordre du jour…

La moindre transgression produit un scandale et de nombreux auteurs sont pointés du doigt comme Gustave Flaubertavec Madame de Bovary, et d’autres sont même condamnés, à l’image de Charles Baudelairepour Les fleurs du mal. C’est ainsi que la bibliothèque de Paris constitue d’ailleurs ce qu’on nomme « l’Enfer », où sont rassemblées toutes les œuvres considérées comme obscènes ou faisant offense à la pudeur

HISTOIRE-2
A la Renaissance

Marcantonio (Raimondi) et ses élèves continuèrent à faire des gravures basées sur le travail de Raphaël, même après sa mort en 1520. Dans bien des cas, Marcantonio ne copiait pas la peinture achevée, mais travaillait plutôt sur des ébauches et croquis. Cette méthode produisait des variations sur l’œuvre, diversement réussies.

Vers 1524, Marcantonio resta brièvement emprisonné par le pape Clément VII pour avoir produit des gravures érotiques, telles que l’ensemble d’I Modi, basé sur les œuvres de Giulio Romano.

HISTOIRE-3
l'Antiquité

Sur les murs, sur les céramiques, les peintures érotiques s’invitent aux yeux de tous sous l’empire romain et ça ne pose pas vraiment de problème. A quelques kilomètres de là, l’Inde et la Chine se la jouent pépouze avec leur kamasutra, bref à cette époque on est plutôt open sur la zigounette.

MAIS


On sait qu’Ovide fut banni par Auguste en 8 apr J-C. Le motif ? Avoir mis en péril l’institution du mariage, en faisant la peinture complaisante et sensuelle des amours adultères, en un temps où le fondateur de l’Empire s’employait à restaurer l’antique morale romaine. Des bords de la Mer Noire où son souverain l’avait relégué, le « chantre léger des tendres amours » plaida en vain sa cause dans les Tristes et les Pontiques.

Ses arguments ne manquent pas d’intérêt : « mes écrits n’étaient point faits pour les matronae dont Auguste se soucie si fort, dit-il en substance ; et l’on trouve l’équivalent de mes images poétiques sur les murs des grandes demeures de la noblesse romaine, à commencer par celle d’Auguste lui-même ».

Ainsi donc, ce cas de censure ou plutôt de répression littéraire — le plus célèbre de l’antiquité gréco-latine — met en évidence trois points importants : 1) la présence de représentations à caractère érotique ou pornographique (la distinction importe ici assez peu) dans le domestique des catégories supérieures de la population romaine 2) le caractère conflictuel du rapport de l’auteur de ces représentations à la morale moyenne défendue par le pouvoir politique au nom de l’ordre social [24] 3) la puissance attribuée par ce pouvoir à ces représentations, qu’elles prennent la forme d’écrits ou d’images.

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vendredi 15 mars 2019

QUAND LA TECHNO BAT DE L'AILE

(Édition 16.03.19)


ACTUALITÉ



Après avoir reçu l’autorisation de faire demi-tour trois minutes après son décollage, le 737 MAX 8 a grimpé à une altitude anormalement élevée et a disparu des radars de contrôle au-dessus d’une zone militaire à l’accès restreint, a détaillé la source au journal.

Les experts estiment qu’il est trop tôt pour spéculer sur les causes de l’accident, alors que l’enquête s’ouvre à peine.

Le travail sur les boîtes noires de l’appareil doit débuter ce vendredi, a fait savoir jeudi le Bureau français d’enquêtes et d’analyses (BEA).

HISTOIRE-1 : Le Concorde

Un Concorde d'Air France à destination de New York s'est écrasé à Gonesse, en banlieue parisienne, sur un hôtel et un restaurant, tuant 113 personnes, dont les 100 passagers ainsi que les neuf membres de l'équipage et quatre clients ou employés de l'hôtel.

Le supersonique s'est écrasé sur l'hôtel et sur son restaurant quelques minutes après le décollage. L'un des moteurs de l'avion était en feu lors du décollage, selon Air France. L'appareil avait décollé deux minutes avant l'accident de l'aéroport Charles-de-Gaulle, à Roissy (nord de Paris).

HISTOIRE-2 : Le Zeppelin Hindenburg

Il fut au ciel ce que le Titanic fut sur la mer : un géant et une tragédie. Utilisé comme bombardier pendant la Première Guerre mondiale puis orgueil de l’Allemagne nazie, il devint, dans les années 1930, le nec plus ultra des croisières transatlantiques. Alliant luxe ostentatoire, technologie de pointe et vitesse (130 km/h, un record pour l’époque), le Zeppelin Hindenburg était le Concorde de son temps.


En mars 1936, la firme allemande construisit le plus grand dirigeable commercial jamais réalisé pour être affecté sur une ligne régulière Europe-États-Unis. Avec ses 245 mètres de long, l’engin était à peine un peu plus petit que le Titanic. 


Après quatorze mois de voyages sans problème, le 6 mai 1937, le fleuron de la flotte aérienne allemande s’apprêtait à atterrir sur la base aérienne de Lakehurst (New Jersey), lorsqu’un incendie se déclara à bord… À 19 h 22, en quelques secondes, le rêve de Ferdinand von Zeppelin n’était plus qu’une torche incandescente.  Sur les 100 passagers qui avaient pris place à son bord, 36 perdirent la vie.

HISTOIRE-3 : Icare

L’astucieux et habile inventeur attacha les plumes entre elles grâce à de la cire. Puis il les fixa sur les épaules de son fils et sur les siennes.
Icare admirait l’ingéniosité sans limites de son père, qui créait des inventions toujours plus spectaculaires. Enfin, ils allaient retrouver la liberté. Mais avant, Dédale prit soin de mettre en garde son fils :

-    Icare, quand tu auras pris ton envol, tu ne dois surtout pas t’élever trop haut dans le ciel. Tu ne dois surtout pas t’approcher du soleil : sa chaleur ferait fondre la cire de tes ailes et tu tomberais aussitôt…

Icare admirait les plaines, puis les montagnes, il voyait la mer calme, à perte de vue. Les oiseaux volaient près de lui, l’accompagnant dans ce rêve enchanteur. C’était un spectacle grandiose. Comme il voulait en voir plus, grisé par tant de beauté et oubliant les alertes de son père, il s’éleva encore un peu, se rapprochant dangereusement du soleil.

-    Père, c’est si beau ! Je sens la chaleur du soleil et son éblouissement me ravit le cœur.

Mais Dédale lui criait :

-    Icare, ne vole pas si haut ! Le soleil va brûler la cire. Reviens près de moi, je t’en supplie.

Mais Icare, déjà loin, ivre de liberté, ne l’écoutait déjà plus. La cire se mit à fondre. Plus il se rapprochait du soleil, plus la cire devenait liquide. Tout à coup, les liens que Dédale avait si méticuleusement confectionnés pour son fils, se rompirent. Les ailes se détachèrent et Icare tomba dans la mer, en une longue et vertigineuse chute. Les eaux se refermèrent sur lui. Dédale hurla à tout rompre, il était désespéré. Pour son jeune et fougueux fils, la lumière et le goût de la liberté avaient été plus forts que ses sages conseils.

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vendredi 8 mars 2019

LE POLITIQUE ET LE RELIGIEUX


(Edition 19.03.09)

ACTUALITÉ

Agence FrancePresse 06/03/19 

Beaucoup de bouddhistes tibétains redoutent que Pékin cherche à imposer son choix pour le successeur de l'actuel Dalaï-Lama, après la mort du chef spirituel des Tibétains.

L'inconnue demeure sur le fait de savoir comment et s'il y aura même un tel successeur, la tradition vieille de plusieurs siècles voulant que des responsables monastiques tibétains interrogent plusieurs centaines de jeunes garçons pour en désigner un comme étant la réincarnation du Dalaï-Lama.

Mais l'actuel Dalaï-Lama, le 14e, a annoncé en 2014 qu'il pourrait bien être le dernier, cherchant ainsi à prévenir toute tentative de Pékin de nommer son successeur.

Le Parti communiste chinois, qui prône pourtant officiellement l'athéisme, a répété à plusieurs reprises qu'il disposait du droit à contrôler le processus de réincarnation du Dalaï-Lama.

HISTOIRE-1 : 15ième siècle

Les Ottomans observaient « le modèle byzantin des relations entre le basileus (empereur) et l'Église orthodoxe. Cette relation fut appelée par les historiens le césaropapisme ». L'empereur concentrait les pouvoirs civil, militaire et religieux tandis que le patriarche, à la tête de l'Église, lui était soumis.

Dès la chute de Constantinople en 1453, « les Ottomans ont progressivement importé cette dualité relative, contraire à la tradition sunnite, en créant un chef religieux appelé le grand mufti. Personnage clé de l'empire après le sultan et le grand vizir, il détenait donc officieusement le pouvoir religieux tout en dépendant du calife ».

Ce rapport à l'Empire romain d'Orient était donc très étroit pour les Ottomans et un élément capital pour asseoir la légitimité de leur empire à prétention universelle. Mehmet II le Conquérant, celui qui fit tomber Constantinople, s'arrogea le titre de « Successeur des Césars ». Au-delà de ses exploits militaires, Mehmet II le Conquérant avait compris qu'il fallait compiler les textes juridiques. À la manière des Compilations de Justinien Ier, « il fit rédiger un corpus législatif totalement séculier et donc séparé du Coran et de la shariah appelé Kanun-il-osmani ou le Code Ottoman. » Le plus célèbre Code Ottoman reste celui de Soliman le Magnifique qui lui valut le surnom de « Sultan Législateur ».

HISTOIRE-2 : 12ième siècle

Au douzième siècle, l’Europe chrétienne atteint son apogée. C’est le siècle des premières croisades et des premières cathédrales. Mais entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, le conflit est incessant.

Entre 1160 et 1180, une véritable guerre va mettre aux prises un empereur d’Allemagne tout-puissant, Frédéric Barberousse, et un pape sans moyens dont l’histoire a presque oublié le nom, Alexandre III.

Quel est l’enjeu de ces batailles ? La domination de l’Europe pour l’Empereur ; l’indépendance du Saint-Siège pour Alexandre.

L’assassinat de Thomas Becket, la destruction et le sac de Milan – la plus grande ville européenne de l’époque –, le soutien par la Sicile et la France du combat d’Alexandre, la défaite des armées de Frédéric écrasées au nord de l’Italie par une armée lombarde sortie de terre, tout cela va scander un combat qui va ébranler l’Europe durant ce douzième siècle finissant.

La scène finale se déroulera à Venise. L’Empereur devra s’agenouiller devant Alexandre, sous les regards sidérés de la foule vénitienne qui contemple pour la première fois de son histoire un pape et un empereur.

Au lendemain de ces vingt ans, l’Église ne sera plus tout à fait la même.

HISTOIRE-3 : la Rome impériale


Le grand pontife était beaucoup plus qu'un simple prêtre. Nous avons vu les immenses prérogatives détenues par les Pontifes : le premier d'entre eux exerçait certes une autorité religieuse (Il présidait les comices chargées d'élire les prêtres et les Vestales, nommait les flamines et le rex sacrorum, et détenait toute autorité sur l'ensemble du clergé.) mais aussi et surtout politique. Outre le fait qu'il pouvait cumuler le sacerdoce avec un mandat, un seul exemple suffira à s'en convaincre : le grand pontife était responsable du calendrier romain, auquel il pouvait ajouter des mois intercalaires afin de synchroniser l'année civile avec les saisons. Or, le mandat d'un magistrat correspondant justement à une année civile, un pontife avait la possibilité de prolonger l'année lorsque l'un de ses alliés politiques ou lui-même était au pouvoir, ou au contraire refuser de l'allonger lors du mandat d'un adversaire. On imagine aisément les abus possibles, et surtout l’intérêt que pouvait revêtir la charge eux yeux d'une personnalité de premier plan. Jules César, notamment, devint pontife en 73 avant J.C. et grand pontife dix ans plus tard - charge qu'il occupa jusqu'à sa mort.

Suite à l'assassinat de Jules César en 44 avant J.C., son allié Lépide obtint la charge de grand pontife. Personnage falot, il tomba en disgrâce après la guerre entre Octave / Auguste et Marc Antoine mais, bien qu'exilé par le nouvel Empereur, il conserva la fonction sacerdotale jusqu'à sa mort en 13 avant J.C. Auguste fut alors choisi pour lui succéder. L'Empereur contrôlait donc la vie religieuse officielle et nommait les autres pontifes, de sorte que le bureau impérial avait désormais la main-mise sur l'ensemble de la religion romaine, et l'obtention de la charge et l'accession au sacré collège étaient considérées comme un signe de la faveur impériale.

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