vendredi 5 avril 2019

AU FEU LES LIVRES

(Ėdition 06.04.19)


ACTUALITÉ


Un autodafé de livres organisé par des prêtres catholiques en Pologne a provoqué une vague de critiques dans ce pays considéré comme particulièrement attaché au rite de Rome, et de comparaisons de cette pratique à celles des régimes totalitaires et de l'Inquisition.

L'épiscopat polonais a jusqu'ici refusé de commenter la cérémonie inhabituelle organisée dans une paroisse de la ville portuaire de Gdansk, à l'issue de la messe de dimanche dernier. 

Un compte rendu de l'évènement, publié sur la page Facebook du groupe catholique Textos des Cieux, est devenu viral.

Trois prêtres ont brûlé des livres et d'autres objets qu'ils considéraient comme sacrilèges, dont des tomes des séries de littérature jeunesse à succès Harry Potteret Twilight, aux côtés d'autres objets comme un masque de style africain, un parapluie Hello Kitty et une figurine hindoue.

Les photos montrent deux enfants de choeur qui assistent à la cérémonie devant l'église.

HISTOIRE-1 : 2015

Daech (État islamique) vient de brûler 2000 livres au sein de la bibliothèque de la ville irakienne. Cette destruction systématique des biens culturels par des intégristes a déjà marqué l'humanité de nombreuses fois.

Parmi ses multiples exactions, l'État islamique aurait détruit plus de 2000 livres de la bibliothèque de Mossoul, la deuxième ville d'Irak. Raison invoquée par ces intégristes: ces ouvrages éducatifs, scientifiques ou dédiés à la jeunesse «appellent à la désobéissance de Dieu». En clair, ils ne correspondent pas à l'idéologie prônée par Daech.

Selon Associated Press, les «combattants» ont brûlé depuis un mois des livres pour enfants, des recueils de poésies, des ouvrages de philosophie et des titres scientifiques sur la santé et le sport ainsi que des journaux du début du XXe siècle. Seuls les livres sur l'islam auraient échappé aux flammes.

HISTOIRE-2 : 1933

Le 10 mai 1933, les ouvrages des plus grandes figures intellectuelles germanophones du XXe siècle partaient en fumée dans toute l'Allemagne. Adolf Hitler était au pouvoir depuis moins de quatre mois. Ces autodafés marquaient la "décapitation intellectuelle" du pays.

À Berlin, une plaque de métal incrustée dans le pavé de la Place Bebel rappelle cette sinistre date pour l'humanité, qui en préfigurait hélas de bien pires. Le vers prémonitoire de l'écrivain Heinrich Heine (1797-1856) interpelle les passants. "Là où l'on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes."

Sur cette place, face à l'une des plus prestigieuses facultés allemandes, l'Université Humboldt, 20.000 livres furent brûlés le 10 mai 1933. Ce soir-là, vers 23h, des ouvrages de Sigmund Freud, Heinrich Mann, Karl Marx, Kurt Tucholsky, entre autres, y furent réduits en cendres.

Le souvenir de cet autodafé de livres, qui se répéta dans 20 autres villes du pays, est rappelé par une plaque de verre. Elle permet de distinguer, en sous-sol, une bibliothèque aux rayonnages vides. Une oeuvre en forme de symbole de l'artiste israélien Micha Ullman (né en 1939). C'est bien avec l'intention de détruire le coeur du "pays des poètes et des penseurs" que les étudiants nazis ont agi.

"Environ 400 auteurs sont partis en flammes, parmi lesquels la 'crème de la crème' de la communauté littéraire, scientifique et intellectuelle de la République de Weimar", le régime en place après la Première guerre mondiale, explique à l'AFP Irmela von der Lühe, professeure de littérature à l'Université libre de Berlin. Ce fut "la décapitation intellectuelle de l'Allemagne", selon l'expression de la sociologue Helge Pross (1927-1984).

HISTOIRE-3 : … en remontant la route des cendres.



Certes le papyrus est fragile, périssable, mais c’est bien le feu qui commença par quelque entrepôt la destruction de la bibliothèque antique d’Alexandrie, communiqué dit-on par les voiles des bateaux de César. Puis, après quelques exactions incendiaires des premiers Chrétiens, c’est en 640 celui de l’Islam : sur ordre du calife ‘Umar, ‘Amr ibn al-‘As  on fait brûler tout ce qui n’est pas le Coran !

La foudre, les guerres civiles et les révoltes d’esclaves sont d’excellents incendiaires des bibliothèques de la Rome antique. De même, Grégoire I°, pape en 590, fait jeter aux flammes une flopée de classiques grecs et latins. Ainsi s’explique la perte de pans entiers des œuvres de Plaute, Tite-Live ou Pline l’Ancien… Sans compter les sacs de Constantinople par les Croisés et, pire encore, par les Turcs en 1453 : « une édition complète de l’Histoire universelle de Diodore de Sicile fut anéantie ce jour-là » ; ce pour jamais.

Dès le VII° siècle, les bibliothèques des pays envahis par l’Islam ne connurent pas de merci, qui, mis à part quelques répits à Cordoue et Chiraz, et au temps d’Haroun al-Rashid à Bagdad, craignent le retour des braises et l’arasement.

A VOUS DE JOUER

Aucun commentaire:

Publier un commentaire

Vous avez des histoires à ajouter ?