samedi 23 mars 2019

COUPABLE PORNO


(Édition 23.03.19)

ACTUALITÉ

A La Réunion


Cette fois-ci, c’est du côté de l’université que les regards se tournent depuis que, mardi, Zinfos974 a révélé que deux enseignants d’origine espagnole avaient l’intention de faire traduire à leurs élèves des textes à caractère pornographique. Ils ont été suspendus.

HISTOIRE-1
Au 19ème siècle

L’ère victorienne instaure un puritanisme tel, que la pornographie connaît une répression presque totale. La morale et la décence de l’époque imposent des limites extrêmement strictes en matière de représentation sexuelle, autant dire qu’une peinture de triple pénétration anale n’est pas à l’ordre du jour…

La moindre transgression produit un scandale et de nombreux auteurs sont pointés du doigt comme Gustave Flaubertavec Madame de Bovary, et d’autres sont même condamnés, à l’image de Charles Baudelairepour Les fleurs du mal. C’est ainsi que la bibliothèque de Paris constitue d’ailleurs ce qu’on nomme « l’Enfer », où sont rassemblées toutes les œuvres considérées comme obscènes ou faisant offense à la pudeur

HISTOIRE-2
A la Renaissance

Marcantonio (Raimondi) et ses élèves continuèrent à faire des gravures basées sur le travail de Raphaël, même après sa mort en 1520. Dans bien des cas, Marcantonio ne copiait pas la peinture achevée, mais travaillait plutôt sur des ébauches et croquis. Cette méthode produisait des variations sur l’œuvre, diversement réussies.

Vers 1524, Marcantonio resta brièvement emprisonné par le pape Clément VII pour avoir produit des gravures érotiques, telles que l’ensemble d’I Modi, basé sur les œuvres de Giulio Romano.

HISTOIRE-3
l'Antiquité

Sur les murs, sur les céramiques, les peintures érotiques s’invitent aux yeux de tous sous l’empire romain et ça ne pose pas vraiment de problème. A quelques kilomètres de là, l’Inde et la Chine se la jouent pépouze avec leur kamasutra, bref à cette époque on est plutôt open sur la zigounette.

MAIS


On sait qu’Ovide fut banni par Auguste en 8 apr J-C. Le motif ? Avoir mis en péril l’institution du mariage, en faisant la peinture complaisante et sensuelle des amours adultères, en un temps où le fondateur de l’Empire s’employait à restaurer l’antique morale romaine. Des bords de la Mer Noire où son souverain l’avait relégué, le « chantre léger des tendres amours » plaida en vain sa cause dans les Tristes et les Pontiques.

Ses arguments ne manquent pas d’intérêt : « mes écrits n’étaient point faits pour les matronae dont Auguste se soucie si fort, dit-il en substance ; et l’on trouve l’équivalent de mes images poétiques sur les murs des grandes demeures de la noblesse romaine, à commencer par celle d’Auguste lui-même ».

Ainsi donc, ce cas de censure ou plutôt de répression littéraire — le plus célèbre de l’antiquité gréco-latine — met en évidence trois points importants : 1) la présence de représentations à caractère érotique ou pornographique (la distinction importe ici assez peu) dans le domestique des catégories supérieures de la population romaine 2) le caractère conflictuel du rapport de l’auteur de ces représentations à la morale moyenne défendue par le pouvoir politique au nom de l’ordre social [24] 3) la puissance attribuée par ce pouvoir à ces représentations, qu’elles prennent la forme d’écrits ou d’images.

A VOUS DE JOUER

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