vendredi 9 novembre 2018

QUAND LES ÉLITES ABUSENT


(Édition 10.11.18)

ACTUALITÉ


Déjà, Alain Bellemare (président de Bombardier)  chiffrait hier à 250 millions US les gains anticipés de la suppression de 5000 postes à l'échelle mondiale. Des gains qui vont permettre aux dirigeants de Bombardier d'atteindre leurs objectifs financiers qu'ils pourront monnayer contre de plantureux bonis de performance, ce qui va encore une fois déchaîner les passions, la colère et le cynisme d'un large pan de la population québécoise.

HISTOIRE-1

France 1789  Changer d'élite. Espoirs et illusions.
"Votre confusion présente, a atteint telle une paralysie, les sources mêmes de la vie. Tous ceux qui parmi vous étaient faits pour obéir à l'honneur ont été déchus et humiliés... Mais cette génération de la noblesse sera bientôt éteinte. Celle qui doit la suivre ne pourra plus être distinguée des charlatans et des bouffons, des agioteurs, des usuriers et des Juifs qui seront toujours ses compagnons et parfois même ses maîtres.Croyez-m'en, Monsieur, ceux qui prétendent niveler n'instaurent jamais l'égalité. Dans toutes les sociétés composées de différentes classes de citoyens, il faut qu'il y en ait une qui tienne le premier rang. C'est pourquoi les niveleurs ne font que changer et que pervertir l'ordre naturel des choses " 
(Edmund Burke en 1790 dans ses Réflexions sur la Révolution de France, Pluriel Histoire, paris 2004, p. 62).

HISTOIRE-2

La réforme protestante dans le monde germanique XVième siècle
Inévitablement, de plus en plus de personnes remarquèrent que cette situation ne pouvait plus durer. Le népotisme et la corruption étaient en constante augmentation, les charges ecclésiastiques vendues au plus offrant. Des taxes et des impôts étaient exigés.
De grosses sommes d’argent furent transmises à Rome : au nord des Alpes les gens déploraient de devoir financer l’inefficacité du Sud et le luxe des princes et de la bureaucratie ecclésiastique dans la lointaine Italie. Toute éventuelle analogie avec la redistribution européenne est purement fortuite…

Les gaspillages firent augmenter le besoin d’argent. Ainsi, le commerce des lettres d’indulgences prit de l’ampleur. L’argent permettait d’être exonéré du châtiment divin ; plus grave le péché, plus haut le prix…

La manière de réagir des puissants est fascinante : on ne s’attaque pas aux abus, mais aux personnes émettant des critiques. On ne veut pas éliminer les abus, mais les voix discordantes. Ainsi s’évanouissent les dernières chances d’amélioration et la quête de bonnes solutions.

Cette évaluation erronée a de graves conséquences. Le mécontentement concernant la situation existante est déjà répandu. Dans les milieux dirigeants, on se réconforte mutuellement, il n’y a rien à changer, tout va bien ; il s’agit juste de quelques fauteurs de troubles, d’agitateurs voulant influencer une partie du peuple prétendument stupide.

L’élite vit dans un autre monde, méconnait les problèmes de la population, et parle une autre langue, littéralement.

HISTOIRE-3

Rome 1er siècle avant notre ère. Cicéron contre Verres
Le procès Verres reste une affaire exemplaire, le modèle des procès de corruption en politique. De quoi s'agit-il ? le puissant et influent magistrat romain Verrès est accusé, en 70 av. J.-C, d'abus de pouvoir, de détournement de fonds, de vol d'œuvres d'art. Pour l'époque, son comportement n'a rien d'exceptionnel. Mais Verrès joue de malchance. D'abord il a devant lui un accusateur exceptionnel, Cicéron, dont les plaidoiries sont restées célèbres. Ensuite, et c'est le plus important, le droit et la justice finiront par triompher.

«La province de Sicile a été pendant un espace de trois ans ravagée par Verrès ; il a dévasté les cités des Siciliens, il a fait le vide dans les maisons, il a dépouillé les lieux consacrés : tels sont les dires des plaignants. C'est par moi qu'ils vous demandent secours, à vous et aux lois du peuple romain ; c'est moi qu'ils ont désiré avoir pour écarter d'eux leurs calamités, pour les venger des injustices qu'ils ont souffertes, pour être le mandataire de leur droit, pour agir en justice dans leur cause tout entière. » Un gouverneur malhonnête et dépravé, un jeune avocat mettant tout son talent à défendre une province spoliée, voici résumé un des procès les plus exemplaires de l'histoire romaine, qui, par l'intermédiaire de discours demeurés célèbres, les Verrines, a permis de redéfinir les devoirs de ceux qui gouvernent.

Le point de départ de cette affaire fut relativement banal. En 70 av. J.-C, Verrès, propréteur* de Sicile depuis 73 av. J.-C, fut accusé de concussion à la fin de son mandat par toutes les cités siciliennes, à l'exception de Messine et de Syracuse. Les sujets de plaintes des Siciliens étaient nombreux : prévarications de toute sorte, pillage organisé de la province, violences inadmissibles. Ce genre de procès était chose courante à Rome. Lorsqu'ils passaient dans une province, beaucoup de gouverneurs y trouvaient un moyen commode de s'enrichir facilement et de renflouer leurs finances souvent obérées par les frais des campagnes électorales qui leur avaient permis d'atteindre ces hautes fonctions. Si Verrès fut à coup sûr un administrateur détestable, il eut surtout la malchance d'être jugé dans des circonstances politiques exceptionnelles et d'être affronté à un non moins exceptionnel accusateur, Cicéron, qui devait le transformer pour la postérité en archétype du mauvais gouverneur.
À VOUS DE JOUER 

Aucun commentaire:

Publier un commentaire

Vous avez des histoires à ajouter ?