vendredi 28 avril 2017

LES DISCOURS POLITIQUES : le fleuret et la massue


(Publié 29/04/2017)

ACTUALITÉ

Laurent Joffrin . La lettre de campagne 28 avril 2017. Liberation Newsletter.

Plutôt bon, Macron sur TF1. Volontaire, précis, assez humble, rassembleur. Mais trop techno quand il se lance dans des tirades d’inspecteur de Finances. Son argumentation – intéressante – sur la fin de la logique «assurantielle» pour l’indemnisation des chômeurs supposait un degré de concentration plus fréquent dans les séminaires des facs d’économie que devant les écrans de télévision. Dans ces moments-là, il fait plus conseiller technique que candidat à une élection au suffrage universel. Il joue la compétence dans une joute où les «sachants», signe des temps, partent avec une longueur de retard.
Il ne suffit pas d’avoir raison, il faut convaincre, c’est-à-dire émouvoir. Mais c’est aussi une marque de respect pour l’électeur, dont on sollicite l’intelligence. La grosse artillerie déployée par Marine Le Pen à Nice fait contraste. On pense au Joueur d’échecs de Zweig, quand un intellectuel fragile se bat contre un béotien au jeu inné et destructeur. Macron oppose un fleuret à la massue du FN. L’agilité fera-t-elle pièce à la force brute ? Deux conceptions de la vie, en tout cas.

HISTOIRE-1

En 1940, le continent européen est en proie à la Seconde Guerre mondiale. Le 10 mai 1940, Winston Churchill succède à Neville Chamberlain. Trois jours plus tard, il prend la parole à la chambre anglaise. Lors de son premier discours, il ne leur promet que sang, larmes, transpiration et fatigue. L'homme fut élu 62 ans plus tard comme le plus grand Britannique de tous les temps par la BBC. Dire la vérité peut donc se révéler payant.

HISTOIRE-2

Les deux lettres de Gandhi à Hitler sont adressées à « mon ami ». Dans le cas de quiconque d’autre que le Mahatma, cette disposition amicale serait quelque peu étrange étant donné le conseil que Hitler avait donné au gouvernement britannique concernant la répression du mouvement de la liberté de l’Inde. Durant une rencontre avec Lord Halifax en 1938, Hitler avait promis son appui à la préservation de l’Empire britannique et proposé sa formule pour traiter avec le Congrès National Indien : tuer Gandhi, si ça ne suffisait pas alors tuer les autres leaders aussi, si ça ne suffisait pas alors tuer deux cent activistes de plus, et ainsi de suite jusqu’à ce que les Indiens abandonnent l’espoir de l’indépendance. Bien sûr Gandhi n’était peut-être pas au courant du conseil d’Hitler, mais rester amical envers son propre meurtrier en intention serait aussi typiquement gandhien.

Le reste et l’essentiel de cette courte lettre dit : « Il est très clair que vous êtes aujourd’hui la seule personne dans le monde qui puisse empêcher une guerre qui peut réduire l’humanité à l’état sauvage. Devez-vous payer ce prix pour un objectif, si valable qu’il puisse sembler être pour vous ? Ecouterez-vous l’appel de quelqu’un qui a délibérément évité la méthode de la guerre, non sans un succès considérable ? »

Cette approche est tenue en total mépris par les générations d’après-guerre. Ainsi, le romancier et professeur de littérature de gauche flamand Kristien Hemmerechts a commenté : (« Milosevic, Saddam, Gandhi et Hitler », De Morgen, 16-4-1999) : « En d’autres mots, Gandhi était un idiot naïf qui tentait en vain de vendre sa non-violence comme panacée au Führer ».

HISTOIRE-3

« La Belle France » est un pamphlet de Georges Darien publié en 1900. C’est probablement l’un des pamphlets politiques les plus puissants et les plus violents que nous connaissions, tout là-haut avec Napoléon le petit de Victor Hugo, avec le Discours de la servitude volontaire de La Boétie. « La Belle France » n’est pas un pamphlet, c’est un exercice de tauromachie. « La Belle France », c’est la mise à mort de la Belle Époque.

HISTOIRE-4

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