(Edition 03.02.18)
ACTUALITÉ
...Philippe Couillard a prononcé un discours
autrement plus important dans lequel il a proposé une inquiétante vision de
l’histoire du Québec. Cette conception a des conséquences politiques.
Citons-le, comme rapporté par la Presse
canadienne : « On est tous venus d’ailleurs rejoindre les Premières Nations, il
n’y a que la date qui change. Et cette date ne détermine pas notre niveau de
citoyenneté ».
Comment ne pas reconnaître ici une réécriture
de l’histoire pour la soumettre au dogme multiculturaliste selon lequel nous
serions « tous des immigrants ».
On comprend le message : pour Philippe Couillard,
les colons qui ont fondé et construit la Nouvelle-France n’ont représenté en
fait qu’une vague d’immigration parmi d’autres. Les 60 000 habitants présents
lors de la Conquête n’étaient pas un peuple, ils n’avaient pas créé une
société. Ils étaient les premiers migrants dans une longue chaîne appelée à se
poursuivre jusqu’à aujourd’hui.
C’est un déclassement symbolique majeur,
conforme, sans surprise, au multiculturalisme canadien.
Dans cet esprit, la majorité historique
francophone n’est qu’une communauté parmi d’autres et non plus le cœur
identitaire du pays.
Cela a des conséquences sur notre conception de
l’intégration des immigrés.
De quel droit pourrions-nous leur demander de
prendre le pli identitaire des Québécois francophones si ces derniers ne sont
qu’un groupe parmi d’autres arrivés au fil d’une histoire dont le fil
conducteur serait un incessant mouvement migratoire ?
Poussons plus loin : pourquoi assurer ici un
statut particulier au français s’il s’agit de la langue d’un groupe parmi
d’autres s’étant installé dans un territoire sans âme nommé Québec ?
Lorsqu’on va au bout de cette logique
débilitante, on en arrive à dire que Montréal est un territoire amérindien non
cédé. Québec solidaire, l’allié idéologique objectif du PLQ, n’hésite pas à
aller jusque-là.
Aurait-on l’idée d’expliquer que les Roumains,
en Roumanie, ne sont qu’un groupe culturel parmi d’autres ? Dirait-on la même
chose aux Italiens en Italie et aux Grecs en Grèce ? Dirait-on la même chose
aux Marocains au Maroc ?
HISTOIRE-1
Canada-francais: résister aux invasions
«
Notre doctrine, écrivait Groulx, elle peut tenir en cette brève formule : nous
voulons reconstituer la plénitude de notre vie française. Nous voulons
retrouver, ressaisir dans son intégrité, le type ethnique qu’avait laissé ici
la France et qu’avait modelé cent-cinquante ans d’histoire. Nous voulons
refaire l’inventaire des forces morales et sociales qui, en lui, se préparaient
alors à l’épanouissement. Ce type, nous voulons l’émonder de ses végétations
étrangères, développer en lui, avec intensité, la culture originelle, lui
rattacher les vertus nouvelles qu’il a acquises depuis la conquête, le
maintenir surtout en contact avec les sources vives de son passé pour ensuite
le laisser aller à sa vie personnelle et régulière. » (Notre doctrine, AF,
janvier 1921)
HISTOIRE-2
Bretagne :
la singularité
Toute identité collective est une
représentation sociale chargée de beaucoup d'émotion, et non pas une réalité
concrète invariable dans l'espace et dans le temps. L'identité bretonne ne fait
pas exception. Les matériaux dont elle est constituée, images mentales
d'origine parfois très ancienne, ont toujours été et sont encore à présent un
objet de luttes symboliques dont l'enjeu varie selon les époques mais relève
toujours de la politique, au sens large du terme. Et si la figure du breton
sauvage, qui forme en quelque sorte l'envers de la représentation du français
civilisé, est profondément ancrée dans les esprits, cela s'explique par
l'action de ces puissantes institutions de socialisation que sont la famille et
l'école.
En
quelques décennies, l'appréciation de l'identité bretonne a beaucoup changé.
D'abord déconsiderée, elle a ensuite été revendiquée avant de devenir prisée.
Cependant, la société bretonne actuelle garde vivantes les traces de cette
histoire récente. Ainsi, l'identité négative n'a pas totalement disparu ; des
stigmates honteux subsistent chez une minorité de bretons surtout féminine,
agricole, et basse-bretonne. De plus, le renversement symbolique n'a pas toujours
donné les résultats escomptés, ou n'a pas terminé de porter ses fruits.
Quant au rapprochement entre les milieux
économiques et culturels, s'il paraît susceptible d'être fécond, il n'en est
encore qu'à ses prémices. Les bretons ne sont pas particulièrement fermés sur
eux-mêmes. Ce que l'on appelle leur forte identité résulte au contraire d'une
création permanente largement ouverte aux influences extérieures. Peu sensibles
aux charmes de l'autonomisme, ils n'en sont pas moins très profondément attachés
à leur singularité. Et les propos qu'ils tiennent aujourd'hui à l'égard de
l'état français évoquent davantage un mariage de raison que de l'amour. Enfin,
grâce, vraisemblablement, à des réminiscences de catholicisme et à leur culture
de résistance, ils parviennent à conserver, malgré les difficultés
contemporaines, un mode de vie relativement paisible.
HISTOIRE-3
La Gaule post-romaine
L'arrivée des Huns et la peur qu'ils inspirent
déclenche de gigantesques migrations. Dès l'année 406, en flot ininterrompu,
Alains, Suèves, Vandales franchissent le Rhin avec femmes, enfants et
troupeaux, entraînant dans leur marche les Francs, les Burgondes et les
Alamans, déjà installés sur le Rhin.
D'autre part, les Wisigoths, venant d'Italie
où, fuyant également les Huns, sont arrivés par les Balkans et se répandent en
Gaule Méditerranéenne. Bientôt, les Romains les installent avec un statut de
peuple fédéré, entre Loire et Pyrénées et dans la péninsule Ibérique, où
pénètrent aussi les Vandales et les Suèves.
Simultanément, les Francs restent en pays
Rhénan et s'incrustent entre Somme et Escaut et les Burgondes s'installent dans
la vallée du Rhône. Tout cela s'accompagne de destructions, de massacres, de
pillages et naturellement de saisies de domaines. Mais assez vite, autochtones
et envahisseurs coexistent dans une paix relative. Peu à peu, les éléments
Germains et Latins fusionnent.
Après avoir combattu quelque temps certains
groupes de Barbares (les Burgondes), le général et consul Aetius a la sagesse
d'organiser leur installation. Aussi obtient-il l'alliance des Wisigoths, des
Francs, des Burgondes quand les Huns déferlent en 451.
C'est ainsi que Attila et ses hordes barbares
sont vaincus aux champs Catalauniques par une coalition plus forte de Barbares
que de Gallo-Romains.
A VOUS DE JOUER
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