jeudi 1 février 2018

TÉ KI, TOÉ ? ou l'appel identitaire

(Edition 03.02.18)

ACTUALITÉ



...Philippe Couillard a prononcé un discours autrement plus important dans lequel il a proposé une inquiétante vision de l’histoire du Québec. Cette conception a des conséquences politiques.
Citons-le, comme rapporté par la Presse canadienne : « On est tous venus d’ailleurs rejoindre les Premières Nations, il n’y a que la date qui change. Et cette date ne détermine pas notre niveau de citoyenneté ».

Comment ne pas reconnaître ici une réécriture de l’histoire pour la soumettre au dogme multiculturaliste selon lequel nous serions « tous des immigrants ».

On comprend le message : pour Philippe Couillard, les colons qui ont fondé et construit la Nouvelle-France n’ont représenté en fait qu’une vague d’immigration parmi d’autres. Les 60 000 habitants présents lors de la Conquête n’étaient pas un peuple, ils n’avaient pas créé une société. Ils étaient les premiers migrants dans une longue chaîne appelée à se poursuivre jusqu’à aujourd’hui.
C’est un déclassement symbolique majeur, conforme, sans surprise, au multiculturalisme canadien.
Dans cet esprit, la majorité historique francophone n’est qu’une communauté parmi d’autres et non plus le cœur identitaire du pays.
Cela a des conséquences sur notre conception de l’intégration des immigrés.
De quel droit pourrions-nous leur demander de prendre le pli identitaire des Québécois francophones si ces derniers ne sont qu’un groupe parmi d’autres arrivés au fil d’une histoire dont le fil conducteur serait un incessant mouvement migratoire ?

Poussons plus loin : pourquoi assurer ici un statut particulier au français s’il s’agit de la langue d’un groupe parmi d’autres s’étant installé dans un territoire sans âme nommé Québec ?
Lorsqu’on va au bout de cette logique débilitante, on en arrive à dire que Montréal est un territoire amérindien non cédé. Québec solidaire, l’allié idéologique objectif du PLQ, n’hésite pas à aller jusque-là.

Aurait-on l’idée d’expliquer que les Roumains, en Roumanie, ne sont qu’un groupe culturel parmi d’autres ? Dirait-on la même chose aux Italiens en Italie et aux Grecs en Grèce ? Dirait-on la même chose aux Marocains au Maroc ?

HISTOIRE-1

Canada-francais: résister aux invasions



   « Notre doctrine, écrivait Groulx, elle peut tenir en cette brève formule : nous voulons reconstituer la plénitude de notre vie française. Nous voulons retrouver, ressaisir dans son intégrité, le type ethnique qu’avait laissé ici la France et qu’avait modelé cent-cinquante ans d’histoire. Nous voulons refaire l’inventaire des forces morales et sociales qui, en lui, se préparaient alors à l’épanouissement. Ce type, nous voulons l’émonder de ses végétations étrangères, développer en lui, avec intensité, la culture originelle, lui rattacher les vertus nouvelles qu’il a acquises depuis la conquête, le maintenir surtout en contact avec les sources vives de son passé pour ensuite le laisser aller à sa vie personnelle et régulière. » (Notre doctrine, AF, janvier 1921)

HISTOIRE-2

Bretagne :  la singularité




Toute identité collective est une représentation sociale chargée de beaucoup d'émotion, et non pas une réalité concrète invariable dans l'espace et dans le temps. L'identité bretonne ne fait pas exception. Les matériaux dont elle est constituée, images mentales d'origine parfois très ancienne, ont toujours été et sont encore à présent un objet de luttes symboliques dont l'enjeu varie selon les époques mais relève toujours de la politique, au sens large du terme. Et si la figure du breton sauvage, qui forme en quelque sorte l'envers de la représentation du français civilisé, est profondément ancrée dans les esprits, cela s'explique par l'action de ces puissantes institutions de socialisation que sont la famille et l'école.

 En quelques décennies, l'appréciation de l'identité bretonne a beaucoup changé. D'abord déconsiderée, elle a ensuite été revendiquée avant de devenir prisée. Cependant, la société bretonne actuelle garde vivantes les traces de cette histoire récente. Ainsi, l'identité négative n'a pas totalement disparu ; des stigmates honteux subsistent chez une minorité de bretons surtout féminine, agricole, et basse-bretonne. De plus, le renversement symbolique n'a pas toujours donné les résultats escomptés, ou n'a pas terminé de porter ses fruits.

Quant au rapprochement entre les milieux économiques et culturels, s'il paraît susceptible d'être fécond, il n'en est encore qu'à ses prémices. Les bretons ne sont pas particulièrement fermés sur eux-mêmes. Ce que l'on appelle leur forte identité résulte au contraire d'une création permanente largement ouverte aux influences extérieures. Peu sensibles aux charmes de l'autonomisme, ils n'en sont pas moins très profondément attachés à leur singularité. Et les propos qu'ils tiennent aujourd'hui à l'égard de l'état français évoquent davantage un mariage de raison que de l'amour. Enfin, grâce, vraisemblablement, à des réminiscences de catholicisme et à leur culture de résistance, ils parviennent à conserver, malgré les difficultés contemporaines, un mode de vie relativement paisible.

HISTOIRE-3

La Gaule post-romaine



L'arrivée des Huns et la peur qu'ils inspirent déclenche de gigantesques migrations. Dès l'année 406, en flot ininterrompu, Alains, Suèves, Vandales franchissent le Rhin avec femmes, enfants et troupeaux, entraînant dans leur marche les Francs, les Burgondes et les Alamans, déjà installés sur le Rhin.

D'autre part, les Wisigoths, venant d'Italie où, fuyant également les Huns, sont arrivés par les Balkans et se répandent en Gaule Méditerranéenne. Bientôt, les Romains les installent avec un statut de peuple fédéré, entre Loire et Pyrénées et dans la péninsule Ibérique, où pénètrent aussi les Vandales et les Suèves.

Simultanément, les Francs restent en pays Rhénan et s'incrustent entre Somme et Escaut et les Burgondes s'installent dans la vallée du Rhône. Tout cela s'accompagne de destructions, de massacres, de pillages et naturellement de saisies de domaines. Mais assez vite, autochtones et envahisseurs coexistent dans une paix relative. Peu à peu, les éléments Germains et Latins fusionnent.
Après avoir combattu quelque temps certains groupes de Barbares (les Burgondes), le général et consul Aetius a la sagesse d'organiser leur installation. Aussi obtient-il l'alliance des Wisigoths, des Francs, des Burgondes quand les Huns déferlent en 451.

C'est ainsi que Attila et ses hordes barbares sont vaincus aux champs Catalauniques par une coalition plus forte de Barbares que de Gallo-Romains.


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