samedi 12 août 2017

GARE AUX MOTS DE LA GUERRE

(Publié 12.08.17)

ACTUALITE


Trump et la Corée du Nord : l'escalade apocalyptique vue depuis Twitter. En promettant "le feu et la colère" américains à la Corée du Nord qui a ensuite dit envisager de tirer des missiles près de l'île américaine de Guam, Donald Trump a entériné une nouvelle escalade dans le conflit entre les deux pays.
Ce "feu" et cette "colère" seront d'un niveau jamais vu auparavant, a aussi prévenu le président américain dans un discours apocalyptique prononcé alors qu'il était en vacances dans son golf de Bedminster, dans le New Jersey.
La déclaration a été accueillie plutôt fraîchement, en témoignent certains messages postés sur Twitter.

HISTOIRE-1

La dépêche d'Ems, est un imbroglio diplomatique qui a servi de prétexte pour engager la guerre de 1870 : il s'agit principalement d'un télégramme officiel envoyé le 13 juillet 1870 par le chancelier prussien Otto von Bismarck à toutes les ambassades, en s'inspirant d'un article publié la veille par la Gazette de l'Allemagne du Nord sur un très court dialogue entre le roi de Prusse et l'ambassadeur de France à Berlin.Guillaume Ier et Vincent Benedetti à Ems.
Pour apaiser les craintes d'encerclement de la France, le prince allemand Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen a retiré le 12 juillet sa candidature au trône d'Espagne, à la demande de l'ambassadeur de France, envoyé auprès du Roi de Prusse, en cure à Bad Ems. Mais la France demande immédiatement au Roi de promettre aussi qu'il n'y aura plus jamais d'autres candidatures. Guillaume accepte simplement de confirmer. Ajoutant qu'il « n'a plus rien d'autre à dire », il en réfère à Bismarck, qui en informe la presse, puis les diplomates1. Sa « dépêche d'Ems » met de l'huile sur le feu1 en éludant volontairement le retrait de la candidature allemande. Elle déclenche des manifestations nationalistes dans les deux pays. À Paris, les vitres de l'ambassade d'Allemagne sont brisées. L'Assemblée nationale française vote les crédits de guerre dès le 15 juillet.

HISTOIRE-2

L'outrage de Philonidès (282-281)
À la suite de l'attaque de Tarente, les dirigeants romains, sans pour autant sous-estimer la gravité de la situation, préfèrent tenter de résoudre la crise par les voies diplomatiques plutôt que de déclarer immédiatement la guerre aux Tarentins46,a 11. Une ambassade menée par Lucius Postumius Megellus est envoyée de Rome à Tarentea 12 pour demander la libération des prisonniers romains, le retour des aristocrates expulsés de Thourioi, la restitution des biens volés lors du pillage de la ville et la livraison des responsables de l'attaque sur les navires romainsa 7,47. Les Tarentins, conscients qu'une nouvelle provocation suffira à basculer dans la guerre, reçoivent les ambassadeurs dans le théâtre d'où ils avaient vu les navires romains entrer dans le golfea 12 au printemps 28147. Selon les auteurs antiques, le discours de Postumius est écouté avec peu d'intérêt, les dignitaires tarentins se montrant dès le début très critiques quant aux fautes de grammaire et les termes de grecs utilisés plutôt que de rester attentif à la signification et à la portée du messagea 12,a 7. Au moment où les ambassadeurs quittent le théâtre, un homme nommé Philonidèsa 13, en proie à l'ivresse, soulève sa robe et urine sur la toge des Romainsa 14,a 15. Devant cet outrage et cette atteinte à l'inviolabilité des ambassadeurs reconnue par le droit international (ius gentium)48, Postumius essaie de réveiller la colère des dignitaires tarentins à l'encontre du citoyen. Mais il se rend compte que ceux qui sont présents dans le théâtre, loin de condamner le geste, semble apprécier l'acte de Philonidès.

HISTOIRE-3

Personne ne le sait encore, mais ce mot vient de condamner le Japon. Mokusatsu (黙殺) est composé de deux kanji: moku (silence) et satsu (tuer). Littéralement, le terme signifie donc «tuer en silence». Très prisé par les politiciens japonais pour son caractère équivoque, il peut vouloir dire «ne pas tenir compte de» ou «ignorer», mais aussi «sans commentaire», voire parfois «traiter avec mépris». Le Premier ministre expliquera plus tard à son fils que c’était la deuxième acception qu’il avait en tête («aucun commentaire»). Mais la presse opte pour la première.

Par une funeste ironie, ce sont les Japonais eux-mêmes qui vont tomber les premiers dans le piège de leur ambiguïté polysémique: le matin même, les journalistes de la Domei News Agency, l'agence de presse officielle, choisissent de traduire le «mokusatsu» de leur Premier ministre par «ignorer». Dans la foulée, la version anglaise du Asahi Shimbun, l'un des principaux quotidiens de l'archipel, balance en une: «The Imperial governement of Japan will take no notice of this proclamation» («Le gouvernement ne tiendra pas compte de cette déclaration»). La colère de Suzuki n’y peut plus rien: la traduction erronée fera la une de  toutes les éditions, ricochera dans les couloirs des officines alliées, arrivera aux oreilles de Truman comme «un dédain silencieux», avant de retomber sur le Japon sous la forme de deux bombes atomiques.

Une passionnante note de la NSA explique comment, du point de vue américain, cette réponse des Japonais sera vue comme «un exemple typique de leur esprit fanatique et kamikaze». Alors que Suzuki avait choisi le mot «mokusatsu» pour son ambiguïté, espérant ainsi calmer son armée tout en ménageant les Alliés, c’est une totale absence de nuance qui ressort finalement de ses propos en anglais. Interviewé des années plus tard, Truman semblait n’avoir toujours pas digéré ce vrai-faux hara-kiri.

HISTOIRE-4
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