(Publié
13/08/2016)
ACTUALITÉ
A la suite de
l'explosion d'un camion-citerne sur la partie élevée de l'Autoroute
métropolitaine à Montréal, le chroniqueur de la Presse+, Vincent Marissal
(11.08.16) a fait un excellent travail d'histo-back. Nous n'avons plus qu'à lui
céder la parole...
HISTOIRE-1
"Les images
colligées dans la vidéo publiée dans le numéro d’hier de La Presse+ racontent
dans le détail, en 3 min 19 s, tout ce qui s’est passé sur l’A40 après l’impact
entre deux poids lourds, dont le camion-citerne qui a pris feu.
Tout, de la
tentative de sauvetage du chauffeur aux premières flammes, aux explosions, à
l’angoisse grandissante des témoins, au panache de fumée, au branle-bas des
pompiers à… l’arrivée du maire Denis Coderre.
Celui-ci arrive en
marchant, l’air grave, pendant qu’on le « briefe » sur l’accident. Il
s’approche du chef des pompiers, lui dit quelques mots, lui serre la main et
lui donne une petite tape amicale sur l’épaule. Du Denis Coderre pur jus.
Cette scène est
accessoire, diront certains. D’autres reprocheront à celui qu’on a surnommé Kid
Coderre il y a près de 20 ans sur la colline du Parlement à Ottawa de se mettre
en scène, de prendre toute la place et de monopoliser l’attention. Prenons
l’affaire à l’envers : supposez que le maire ne se soit pas déplacé sous la
Métropolitaine, hier en fin d’après-midi, qu’il ait mis plusieurs heures à
réagir ou, pire encore, qu’il se soit contenté d’envoyer un communiqué pour
dire que la situation était maintenant contenue. On ferait la file aujourd’hui
pour lui taper dessus, et l’opposition à l’hôtel de ville aurait des raisons
légitimes de remettre en question son leadership.
Le suivi et les
enquêtes nous éclaireront sur la qualité de la réponse des secours et des
autorités (aurait-on dû évacuer les immeubles environnants et éloigner plus
rapidement les badauds qui regardaient la scène du boulevard Crémazie ?). Le
fait est, toutefois, que dans le grand livre de l’art de la gestion de crise,
Denis Coderre a fait depuis mardi 16 h exactement ce qui est prescrit :
présence physique, ton rassurant et empathique, mise en place d’un plan
d’action.
L’histoire
politique est truffée d’épisodes peu glorieux, ici et ailleurs, d’élus qui
n’ont pas su prendre la juste mesure d’une crise et qui,
de fait, n’ont pas su réagir adéquatement.
Pensons,
évidemment, à l’ancien maire de Montréal Jean Doré, qui avait suivi de loin, en
vacances, les inondations sur l’autoroute Décarie. En toute justice pour feu
Jean Doré, son retour précipité n’aurait sauvé aucune vie, mais la présence des
élus en temps de catastrophe a une valeur symbolique. Dans le même esprit, on
avait reproché à Pauline Marois, ministre de la Santé dans le gouvernement
Bouchard, d’être en vacances au Mexique au moment où les salles d’urgence du
Québec débordaient (encore une fois).
On a par ailleurs
reproché à Stephen Harper son indifférence envers les sinistrés du Richelieu,
en 2011, et plusieurs ont critiqué les égoportraits de Justin Trudeau au G20 en
Turquie, en novembre dernier, au lendemain des attentats de Paris.
Au département des
bides politiques célèbres : l’ancien maire de Toronto Mel Lastman, en panique
en direct à la télévision et implorant l’armée d’intervenir pour libérer sa
ville… des 10 cm de neige tombés la nuit précédente ! Imaginez si ce pauvre Mel
avait été dans les souliers de la mairesse de Lac-Mégantic Colette Roy-Laroche
en
juillet 2013…
D’autres leaders
ont mieux réussi. Le cas type est celui de l’ancien maire de New York Rudy
Giuliani marchant dans les ruines encore fumantes des tours jumelles. Au
Québec, tous se souviennent de Lucien Bouchard (et d’André Caillé et son fameux
col roulé) pendant la crise du verglas, une démonstration de leadership
exemplaire.
Dans une affaire
d’une gravité et d’une importance incomparables avec les histoires précédentes,
pourquoi pensez-vous que la Maison-Blanche s’est empressée, en mai 2011, de
publier la photo de Barack Obama, portant un blouson militaire, avec
l’état-major de l’armée en pleine nuit, dans la salle où il suivait (et
dirigeait) en direct l’attaque fatale contre ben Laden, à plus de 11 000 km, au
Pakistan ? Dans l’imaginaire américain, la qualité du leadership du «
commandant en chef » se mesure à sa présence et à sa réaction lorsque la
sécurité du pays est en jeu.
Dans la même
veine, rappelez-vous l’air ahuri de George W. Bush, assis au milieu d’une
classe d’enfants en Floride, lorsqu’un conseiller lui a appris, en chuchotant à
son oreille, que les tours du World Trade Center venaient d’être attaquées.
Autre boulette
mémorable de W : son interminable temps de réaction après la dévastation de
Katrina en Louisiane. Après des jours d’attente, il s’était finalement rendu
sur place, se contentant toutefois de survoler la région inondée qu’il voyait à
travers les hublots d’Air Force One..."
HISTOIRE-2
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