mardi 15 septembre 2015

SAVOIR NOMMER LE MEURTRE DU PÈRE

(publié 16.09.15)
ACTUALITE


Selon nos informations, en tout début de journée, un jeune homme d'environ 25 ans, d'origine marocaine et arrivé en France depuis environ un mois, s'est rendu au commissariat de Tarascon en avouant avoir égorgé son père. Il s'est également revendiqué une appartenance au mouvement djihadiste Daesh. Une patrouille de police vient de constater qu'il avait bien tué son père.

HISTOIRE-1
(thèse de Patrick Bissonnette)

Un peu de vocabulaire
Wolfgang (1957) et Boudouris (1974) ont clairement démontré l'importance de la relation entre la victime et l'agresseur dans leurs études respectives de 588 et de 6389 homicides. Ce n'est pas par hasard que le nombre d'homicides de personnes connues de l'agresseur soit si élevé; les homicides impliquent fréquemment une intense relation personnelle entre deux protagonistes. On peut dès lors distinguer deux types d'homicide: l'homicide d'une personne connue de l'agresseur et l'homicide d'une personne étrangère. Il existe deux catégories lorsqu'il est question d'homicide d'une personne connue: les homicides d'une connaissance et les homicides intrafamiliaux.

Les trois types d'homicides intrafamiliaux les plus fréquents sont le meurtre du conjoint (uxoricide), le meurtre des enfants par la mère ou le père (filicide) et le meurtre du père ou de la mère (parricide). Ils représentent respectivement 19%, 7% et 3% des homicides résolus au Canada en 2003 (Dauvergne, 2004).

HISTOIRE-2

Mais…Le « parricide » d’un fils selon voltaire
Cet extrait de l'Histoire abrégée de la mort de Jean Calas se situe dans le chapitre 1 du Traité sur la Tolérance, écrit par Voltaire en 1763, à l'occasion de l'affaire Calas.

Dans cet essai, Voltaire ne cherche pas seulement à obtenir la révision du procès mais aussi à combattre l'intolérance et le fanatisme qui ont poussé les juges à condamner Calas par un procès non impartial. Ce texte est donc à la fois un plaidoyer et un réquisitoire, dans lequel Voltaire cherche à la fois à convaincre et persuader le lecteur (texte représentatif du combat des Lumières).

Histoire abrégée de la mort de Jean Calas (extrait)
Il semble que, que quand il s’agit d’un parricide et de livrer un père de famille au plus affreux supplice, le jugement devrait être unanime, parce que les preuves d’un crime si inouï devraient être d’une évidence sensible à tout le monde : le moindre doute dans un cas pareil doit suffire pour faire trembler un juge qui va signer un arrêt de mort. La faiblesse de notre raison et l’insuffisance de nos lois se font sentir tous les jours ; mais dans quelle occasion en découvre-t-on mieux la misère que quand la prépondérance d’une seule voix fait rouer un citoyen ? Il fallait, dans Athènes, cinquante voix au delà de la moitié pour oser prononcer un jugement de mort. Qu’en résulte-t-il ? Ce que nous savons très inutilement, que les Grecs étaient plus sages et plus humains que nous. Il paraissait impossible que Jean Calas, vieillard de soixante-huit ans, qui avait depuis longtemps les jambes enflées et faibles, eut seul étranglé et pendu un fils âgé de vingt-huit ans, qui était d’une force au-dessus de l’ordinaire ; il fallait absolument qu’il eut été assisté dans cette exécution par sa femme, par son fils Pierre Calas, par Lavaisse, et par la servante. Ils ne s’étaient pas quittés un seul moment le soir de cette fatale aventure. Mais cette supposition était encore aussi absurde que l’autre: car comment une servante zélée catholique aurait-elle pu souffrir que des huguenots assassinassent un jeune homme élevé par elle pour le punir d’aimer la religion de cette servante ? Comment Lavaisse serait-il venu exprès de Bordeaux pour étrangler son ami dont il ignorait la conversion prétendue ? Comment une mère tendre aurait-elle mis les mains sur son fils ? Comment tous ensemble auraient-ils pu étrangler un jeune homme aussi robuste qu’eux tous, sans un combat long et violent, sans des cris affreux qui auraient appelé tout le voisinage, sans des coups réitérés, sans des meurtrissures, sans des habits déchirés. Il était évident que, si le parricide avait pu être commis, tous les accusés étaient également coupables, parce qu’ils ne s’étaient pas quittés d’un moment; il était évident qu’ils ne l’étaient pas; il était évident que le père seul ne pouvait l’être; et cependant l’arrêt condamna ce père seul à expirer sur la roue.

HISTOIRE-3

Quand le code de 1791 vient préciser le « parricide »
La Révolution de 1789 a eu d’importantes conséquences sur le droit pénal et notamment à travers la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen votée le 26 août de cette même année. Cette déclaration définit une nouvelle société, un nouveau droit dont la loi est l’unique source1. Elle met notamment fin à l’arbitraire des juges et au droit de grâce du roi…

Le parricide possède une définition particulière, il se distingue de l’homicide de droit commun. Il est défini à l’article 10 de la première section du titre II de la seconde partie du Code pénal de 1791, disposant que « si le meurtre est commis dans la personne du père ou dela mère légitimes ou naturels, ou de tout autre ascendant légitime du coupable, le parricide sera puni de mort (…) ». Deux des éléments constitutifs de l’infraction apparaissent alors : pour qu’il y ait parricide, il faut qu’un homicide ait été commis et qu’un ascendant du coupable en ait été la victime. De plus, il doit avoir été commis volontairement. Le parricide connaît peu d’excuses.

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