(Édition 11.01.20)
ACTUALITÉ
Ce mardi matin, Carlos Ghosn a confirmé dans un
communiqué être arrivé au Liban. Assigné à résidence au Japon, où il est sous
le coup de quatre inculpations, l'ancien patron de Renault-Nissan s'est enfui à
Beyrouth.
HISTORIQUE 1 : Napoléon III 1846
Cinq ans et demi plus tard, il se morfond toujours
dans sa prison picarde du Ham. En ce printemps 1846, Louis-Napoléon, 38 ans, ne
pleure pas seulement son père, mais son rêve impérial qui s'éloigne. Derrière
les murailles épaisses, encadrée par quatre tours basses et un pont-levis, le
prince n'est pourtant pas si mal loti : une chambre et un bureau doté d'une
bibliothèque, où il écrit plusieurs essais, dont le très remarqué « Extinction
du paupérisme » inspiré des thèses socialistes. Il est entouré d'un valet,
d'une cuisinière, et de deux fidèles compagnons qui ont scellé leur sort au
sien…
Sauf que la garnison est forte de 400 soldats et de 60
sentinelles veillant au grain. Le commandant s'assure quatre fois par jour que
son célèbre prisonnier ne s'est pas carapaté, et remet quotidiennement son
rapport au ministre de l'Intérieur ! D'ailleurs, personne ne s'est jamais
échappé de cette forteresse qui a notamment « accueilli » le prince - frondeur
- de Condé et le sulfureux marquis de Sade. Ses larmes séchées, la nature
audacieuse de Bonaparte reprend le dessus. Il n'a plus qu'une idée en tête :
s'évader. La solution se trouve sous ses yeux. Plafond mité, murs en lambeaux,
carrelage bosselé et fenêtres ouvertes à tout vent : à l'image du fort
médiéval, sa maisonnée croule sous le poids des ans. Pendant sa détention, de
gros travaux ont été entrepris aux frais de l'État, mais puisqu'il en réclame
d'autres, ce sera à ses frais, préviennent ses geôliers. Pas de problème :
depuis la mort de sa mère, la princesse Hortense de Beauharnais, en 1837, il
est richissime. Les maçons peuvent donc s'attaquer au rafraîchissement du
pavillon. Parmi eux, le dévoué Pinguet.
Le 25 mai 1846, à l'aube, les conjurés passent à
l'action. Louis-Napoléon rase sa barbe et sa longue moustache, se coiffe d'une
perruque achetée en ville par son valet. Il enfile à la hâte la blouse, la
casquette, les sabots et le pantalon élimé de Pinguet. C'est l'heure de partir.
Il se poudre les joues de rouge, pour faire plus « ouvrier », cale une planche
de sa bibliothèque sur l'épaule, descend dans la cour et se coule dans le
va-et-vient des maçons. Pendant que le valet fait diversion en faisant japper
(le chien auquel on avait donné le nom
de la prison) « Ham », il se joue des gardes du pont-levis, le visage dissimulé
derrière sa planche de salut. A lui la liberté (il rejoint Bruxelles puis
l'Angleterre) puis le pouvoir : après la chute de Louis-Philippe en 1848, il
est triomphalement élu président de la IIe République avant l'ultime coup de
force qui le sacre empereur. Napoléon III n'oubliera jamais l'amitié de Pinguet
et lui versera même une coquette somme.
HISTORIQUE 2 : Casanova 1756
Le 31 octobre 1756 à Venise ! Nous nous apprêtons à
suivre Giacomo Casanova dans sa très célèbre évasion de la prison des Plombs !
"Très célèbre évasion", car ce récit fera, par la suite, la gloire du
jeune Casanova dans toute l’Europe. La prison des Plombs se trouve dans les
combles du palais des Doges ; elle tient son nom d’un toit fait de plaques de
plombs : il y fait donc très chaud l’été, très froid l’hiver.
Pour libertinage, escroquerie, peut-être aussi pour
appartenance maçonnique. Il faut vous dire que c’est un drôle de zèbre, ce
Casanova, un aventurier. Il a eu mille vies. N’oubliez pas non plus qu’on est
dans la Venise du XVIIIe siècle, où la justice s’exerce largement sur
dénonciation, ce coureur de jupons aura tout simplement pris son épouse à un
notable.
Après des tentatives qui ont duré des mois, il a
réussi à percer la paroi séparant sa cellule de la cellule voisine, patiemment,
avec ce qu’il appelle son "esponton" et ce 31 octobre, un peu avant
minuit, il réussit à passer à côté, chez le père Balbi, et à en ouvrir le
plafond. Les deux hommes soulèvent l’une des plaques de plomb et grimpent sur
le toit qui est très pentu ! Le père Balbi, dans la manœuvre, perd un sac qui
va finir dans le canal en contrebas. Finalement, les deux compères se
cramponnent à l’arête du toit et, cette fois, le père Balbi perd son chapeau !
C’est un peu un boulet, ce père Balbi. Enfin, ils parviennent à se glisser dans
un grenier donc hors de la prison : une porte, deux portes, un grand escalier
et les voilà dans un salon ! Ils réussissent à forcer le volet d’une des
fenêtres : à eux la place Saint-Marc, à eux la liberté ! C’est le début de
nouvelles aventures de Casanova.
HISTORIQUE 3 : Hugo Grotius 1621
Après 1610, un conflit religieux éclata entre les
remontrants et les contre-remontrants. Hugo Grotius prit le camp des
remontrants, raison pour laquelle le Stadhouder et prince Maurice le condamna à
l'emprisonnement à vie, d'abord à La Haye puis dans la forteresse de
Loevestein.
De temps en temps, les gardiens transportaient une
grande caisse de livres entre le prisonnier Grotius et sa famille à Gorinchem.
Le 22 mars 1621, c'est Hugo lui-même qui se trouvait dans la caisse... Les
gardiens, ne se doutant de rien, l'amenèrent ainsi à l'extérieur et Hugo
Grotius s'enfuit à Paris. Cette histoire devint célèbre; il existe aujourd'hui
plusieurs caisses dont il est dit qu'Hugo Grotius se cacha dedans pour
s'évader. L'une d'entre elles se trouve dans le Prinsenhof à Delft.
À
VOUS DE JOUER
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