(Édition 18.01.20)
ACTUALITÉ
Le procès en destitution de Donald Trump s'est ouvert
au Sénat, jeudi 16 janvier, avec la lecture solennelle de l'acte d'accusation
du président américain, le troisième de l'histoire des États-Unis. Même s'il
doit être jugé pour abus de pouvoir et entrave au travail du Congrès, le
milliardaire a toutes les chances d'être acquitté au Sénat, où les élus de son
parti disposent d'une majorité de 53 sièges.
HISTORIQUE 1: Louis XVI (1792)
Louis XVI comparut devant ses "juges" le
mardi 11 décembre 1792 et Barère, le Président de la Convention Nationale à
cette période, ordonna la lecture de l'acte d'accusation (cf. supra).
S'ensuivit un long interrogatoire mené par le
Président qui, reprenant chaque point, força l'accusé à se justifier. Les
réponses de l'ancien souverain, convenues, n'en furent pas moins dans certains
cas parfaitement valables : le meilleur exemple reste celui des vétos royaux
sur les prêtres réfractaires, procédures moralement insoutenables pour les
révolutionnaires et pourtant totalement légales au regard de la Constitution.
Mais la défense trop timorée de Louis, de son propre
aveu, suffit à lui commander de s'entourer d'un "conseil de défense"
accordé par les députés le 12 décembre... Le 26 décembre, le roi et ses avocats
sont entendus par la Convention...
On demanda alors à l'accusé s'il souhaitait s'exprimer
publiquement. Voici la retranscription exacte du dernier discours officiel du
roi à ses anciens sujets :
"On vient de vous exposer mes moyens de défense,
je ne les renouvellerai point ! En vous parlant peut-être pour la dernière
fois, je vous déclare que ma conscience ne me reproche rien, et que mes
défenseurs ne vous ont dit que la vérité. Je n’ai jamais craint que ma conduite
fût examinée publiquement, mais mon cœur est déchiré de trouver dans l’acte d’accusation
l’imputation d’avoir voulu répandre le sang du peuple, et surtout que les
malheurs du 10 août me soient attribués. J’avoue que les preuves multipliées
que j’avais données dans tous les temps de mon amour pour le peuple, et la
manière dont je m’étais toujours conduit, me paraissaient devoir prouver que je
craignais peu de m’exposer pour épargner son sang, et éloigner à jamais de moi
une pareille imputation."...
Comme évoqué pour la question de la culpabilité, le
vote à voix haute a définitivement annihilé les espoirs de sursis pour l'ancien
souverain : question la plus épineuse, la pression avait atteint
proportionnellement son paroxysme. De fait, chaque député ne votant pas la mort
était invectivé, injurié et même menacé par la foule qui s'était déplacée en
masse sur les lieux du jugement.
HISTORIQUE 2: Charles 1er (1649)
1647 : les Écossais viennent de livrer Charles Ier au
Parlement en janvier. La majorité presbytérienne est prête à conclure un accord
avec lui, à la fureur de la minorité puritaine (ou indépendante). Or, l'armée
est tout entière du côté des minoritaires. Et Cromwell voit dans l'accord des
presbytériens avec le roi une véritable trahison...
Charles Ier a réussi à s'échapper. Réfugié à l'île de
Wight, il négocie avec les Écossais sur la base du presbytérianisme. Cromwell
part à la rencontre des Écossais, qui, sous le commandement de Hamilton, sont
entrés en Angleterre le 8 juillet 1648. Ce dernier, avec une armée supérieure
en nombre, s'aventure imprudemment dans un pays hostile. Cromwell, d'ailleurs,
lui laisse la voie libre, et c'est à revers qu'il vient attaquer à un moment où
les forces écossaises sont dispersées sur près de 60 km. En une série de petits
combats séparés, il taille en pièces les Écossais et les royalistes anglais.
Peu parviennent à s'échapper. Dès la fin du mois d'août, la guerre est pratiquement
finie. La rivalité qui oppose le duc d'Argyll à Hamilton permet à Cromwell de
régler rapidement la situation en Écosse (septembre). Et celui-ci revient à
Londres pour le règlement définitif de la question politique...
Pendant que Fairfax et Cromwell combattaient et
faisaient triompher les armes de la révolution puritaine, les sentiments
presbytériens de la majorité des membres du Parlement incitaient celui-ci à
reprendre les négociations avec le roi, dont nul ne pouvait penser pourtant
qu'il tienne ses engagements un jour. La réaction de Cromwell et de l'armée à
leur retour est violente. Au matin du 6 décembre 1648, les députés trouvent le
colonel Pride assis à la porte du Parlement : ceux que l'armée n'apprécient pas
ne peuvent entrer ; s'ils protestent, ils sont aussitôt arrêtés. Il ne reste
plus en place que le « croupion » d'un Parlement, puisque tel est le surnom
qu'a gagné le reste du « Long Parliament » à la purge de Pride (Rump
Parliament).
Cromwell semble avoir essayé de reprendre à son compte
les négociations avec le roi : mais l'intransigeance de ce dernier met vite un
terme à cet effort. Le 28 décembre 1648, un tribunal est constitué pour juger
le roi. Il faut le modifier, et ce n'est que le 6 janvier 1649 que sa forme
définitive est arrêtée. Du 20 au 26 janvier se déroule le procès, et, le 27, le
roi est condamné. Il est certain que Cromwell s'est alors décidé à ce que le
roi soit exécuté. Il fait tout pour que les jurés puissent résister aux
pressions qui s'exercent sur eux, qu'elles viennent des modérés, de pays
étrangers (intervention de l'ambassadeur de Hollande) ou des Écossais. Mais
toute l'armée est derrière lui, et c'est avec joie qu'elle voit tomber, le 30
janvier, la tête de Charles Ier.
HISTORIQUE 3: Jeanne d'Arc (1431)
Le tribunal d'Église qui doit la juger est présidé par
Pierre Cauchon, l'évêque de Beauvais, dont dépend Compiègne, le lieu de sa
capture. Cauchon est un théologien
respecté de l'Université de Paris, d'environ 60 ans. Il est entré au service du
duc de Bourgogne, ce qui lui a valu l'évêché de Beauvais. Désireux de se faire
bien voir des Anglais, il arrange le procès en hérésie et pour cela s'adjoint
le concours du frère dominicain Jean Le Maître, vicaire de l'inquisiteur en
France. Jeanne devant ses juges (lettrine d'un manuscrit du XVe siècle, BNF)Le
procès s'ouvre le 9 février 1431 avec les deux juges et quelques dizaines
d'assesseurs. Il est fréquemment suspendu et à plusieurs reprises, le très
puissant cardinal de Winchester vient remplacer Cauchon à la tête du tribunal.
Ces ecclésiastiques admettent difficilement que Dieu
ait pu s'adresser par-dessus leurs têtes à une fille du peuple. Ils dépêchent
des enquêteurs à Domrémy mais les témoignages des habitants sont si favorables
à l'accusée qu'ils doivent détruire leur rapport. Ils reprochent à Jeanne
d'avoir revêtu des habits d'homme (sic), en contradiction avec un précepte du
Deutéronome, d'avoir essayé de se suicider à Beaurevoir (il s'agissait en fait
d'une tentative d'évasion) et bien sûr d'avoir eu de fausses visions.
Incapable de faire fléchir la jeune fille et pressé
d'en finir par le cardinal de Winchester, qui se dispose à quitter Rouen,
l'évêque Cauchon précipite la procédure. Il soumet à Jeanne un réquisitoire de
douze articles qu'elle récuse en bloc. Il décide alors de lui faire peur. Le 24
mai 1431 au soir, Jeanne est traînée au cimetière de l'abbatiale de Saint-Ouen
où a été préparé un bûcher. Sur une estrade se tient le cardinal de Winchester.
Le bourreau est prêt à l'ouvrage. On la menace de torture et on lui montre les
instruments. Puis l'évêque Cauchon lit l'acte d'accusation par lequel il la
livre au bras séculier afin qu'elle soit brûlée (l'Église s'interdit de
procéder elle-même à une exécution). Mais il lui fait savoir aussi que, si elle
se rétracte et renonce à ses habits d'homme, elle sera confiée à l'Église et
échappera à la mort...
Jeanne, épuisée, signe un document par lequel elle
accepte de se soumettre à l'Église et de reprendre ses habits de femme. La
sentence de mort est commuée en un emprisonnement à vie.
Jeanne d'Arc
revient dans sa cellule au grand mécontentement des Anglais qui auraient voulu
une exécution rapide. Les soldats menacent même de s'en prendre aux juges et à
l'évêque... Mais quelques jours plus tard, s'étant fait dérober ses vêtements
et craignant à juste titre pour sa vertu, elle reprend des habits d'homme, ce
qui lui vaut d'être cette fois condamnée au bûcher comme relapse (se dit de
quelqu'un qui retombe dans l'hérésie).
Vêtue d'une robe soufrée destinée à la faire brûler
plus vite et coiffée d'une mitre sur laquelle sont écrits des mots infâmants,
la jeune fille est conduite sur le lieu de son supplice. Détail sordide : le
bûcher étant trop élevé, le bourreau Geoffroy Thérage se trouve dans
l'impossibilité d'étrangler sa victime avant que les flammes ne l'atteignent,
ce qui vaut à Jeanne de périr vive dans de grandes souffrances. Comme
Winchester souhaite un ultime aveu, l'évêque Cauchon s'approche des flammes
mais c'est pour s'entendre dire : «Évêque, je meurs par vous ! ». Et dans un
dernier défi, elle murmure: «Que j'aie bien fait, que j'aie mal fait, mon Roi
n'y est pour rien !...» Un des juges, pris de remords, confiera : «Je voudrais
que mon âme fût où je crois qu'est l'âme de cette fille ! »
Après le supplice, le bourreau se voit chargé de jeter
les cendres dans la Seine afin d'éviter qu'elles ne deviennent objet de
ferveur.
(COMMENTAIRE : ce dernier élément ne vous
rappelle-t-il pas quelque chose…)
-------------
A
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