ACTUALITÉ : Finales de foot féminin
Elle appartient au principal groupe de supportrices et
supporters des Bleues, France Ang’Elles, une émanation d’OL Ang’Elles.
Un groupe de 180 membres à parité parfaite et avec des
règles bien précises: «Quand il y a une blessée, peu importe le camp, on arrête
de chanter»; «On ne siffle pas, même l’arbitre, et parfois, Dieu que c’est
difficile !»; «On n’insulte pas», énumère Willy Pasche, pimpant retraité de 65
ans.
Une ambiance bisounours qui n’empêche pas une grande
liberté de ton. Les arbitres, elles «ne courent pas assez vite»; la
sélectionneuse Corinne Diacre, «elle n’y connaît rien» et «on déteste quand on
parle mal de nos gardiennes», que certains jugent le maillon faible de la
discipline.
Même si les mauvaises langues disent qu’ils ne chantent
pas assez fort, qu’un stade doit trembler, les fans de foot féminin redorent
l’image du supporter en organisant systématiquement une 3e mi-temps festive...
avec les supporters d’en face.
«Je ne veux surtout pas qu’on tombe dans les dérives du
foot masculin, ni en matière d’ambiance dans les stades ni en matière de
mentalités», explique Isabelle Bernard, fondatrice d’OL Ang’Elles dès 2011.
HISTORIQUE 1 : Les rôles
L’identification à un club était autrefois perçue comme
le signe d’un mode spécifique d’existence, qu’étaient supposés incarner le jeu
et le style d’une équipe. L’AS Saint-Étienne se distinguait par sa pugnacité et
son courage, l’Olympique de Marseille par son panache, son côté fantasque et sa
virtuosité spectaculaire, la Juventus de Turin était réputée pour sa discipline
rigoureuse…
Ces stéréotypes étaient largement fantasmés, mais les
supporters se plaisaient à raconter ainsi le jeu de leur équipe et à en faire
la marque de leur culture locale. Pour les plus jeunes, aller au stade était
une façon de s’initier aux valeurs et à l’histoire de leur ville.
De façon connexe, les présidents de clubs étaient souvent
des magnats locaux, des industriels par exemple ; les joueurs étaient aussi des
gars du coin, à l’image des « minots » de Marseille, qui assurèrent la
résurrection de leur club au début des années 1980, ou des ouvriers d’origine
polonaise à Lens, dans les années 1970.
Aujourd’hui – faut-il le rappeler ? – les présidents et
actionnaires n’ont plus aucun lien avec l’histoire locale. Des investisseurs du
monde entier misent sur de grosses équipes et y intègrent des joueurs venus
d’un peu partout. Cette déterritorialisation s’illustre jusque dans les noms
des stades : Matmut Atlantique a remplacé le Chaban-Delmas à Bordeaux, Orange
Vélodrome au Vélodrome de Marseille, etc. Même les équipes nationales n’ont
plus de style propre, puisque les joueurs circulent et s’entraînent tout au
long de l’année aux quatre coins de la planète.
HISTORIQUE 2 : XIV et
XVe siècles
1314, Londres. Le lord-maire de Londres interdit le jeu
de soule, un jeu où les joueurs doivent pousser une balle avec leurs pieds,
sans la toucher avec les mains. Vous avez bien lu: au Moyen Âge, le foot existe
–le terme de «foteball» apparaît d'ailleurs pour la première fois en 1409– et
c'est interdit. La soule se joue à l'époque des deux côtés de la Manche, et
depuis plusieurs siècles, avec des règes variables en fonction des époques …
Or, au XIVe-XVe siècle, le temps est à l'interdiction,
non seulement de ce sport, mais plus généralement de tous les jeux: encore la
soule en 1331 en Angleterre, le hurling (l'ancêtre de la crosse) en 1366 en
Irlande, le jeu de paume en France en 1397, le golf en Ecosse en 1457, etc. En
vingt ans, Edouard II d'Angleterre interdit quarante fois les joutes et les
tournois.
Évidemment, le fait même que ces interdictions soient si
souvent répétées montre que personne ne les respecte: l'interdiction du foot
fait partie de toutes ces règles curieuses, en vigueur en théorie mais que
personne ne suit ni n'essaye de faire suivre...
Mais alors pourquoi interdire les jeux? On dit souvent
que c'est parce qu'ils sont causes de désordres. De fait, le lord-maire de
Londres écrit bien que la soule «cause troubles en la cité»: les joueurs
crient, se battent, les supporters s'y mettent –et oui, il y a déjà des hooligans
au XIVe siècle. C'est vrai que le jeu est, disons, assez physique: on s'y
blesse, et parfois, on s'y tue! Mais cet argument n'est qu'un prétexte: quand
le pouvoir veut interdire une pratique qui trouble l'ordre public, il sait le
faire. Si les autorités interdisent les jeux, ce n'est pas parce qu'ils
perturbent le calme: c'est parce qu'ils détournent les énergies.
En effet, le XIVe siècle, c'est avant tout le temps de la
Guerre de Cent Ans: on vous a déjà parlé de son extrême violence et de sa «deshonnesteté
des habits»...
...
Or, dans ce contexte, les rois de France et d'Angleterre
cherchent à recruter le plus de troupes possibles, notamment en ville. Ces
hommes sont entraînés, ils touchent un salaire mensuel, la solde, d'où leur nom
de soldat. C'est une évolution cruciale, puisqu'on passe petit à petit des
troupes féodales, convoquée pour une expédition, à une armée nationale, faite
de soldats professionnels: l'uniforme apparaît à la même époque.
HISTORIQUE 3 : A Rome
… phénomène s'est particulièrement développé avec les
courses de chars romains, c’est incontestable. C’était le sport par excellence
pour les Romains, celui qui avait le plus de succès, de popularité. Il faut
dire que dans ces civilisations de la Méditerranée, les chevaux et les chars
jouaient un rôle important, pour la guerre notamment. Et puis, si les Romains
et les Grecs jouaient au ballon à titre individuel, ils ne connaissaient pas
vraiment les sports d’équipe. Donc la comparaison des courses de chars avec le
football ou le basket est pertinente, non pas sur le plan technique et
proprement sportif bien sûr, mais sur le plan sociologique. Il faut rappeler en
amont que ces courses se déroulaient avec un système qui comprenait quatre
grandes équipes distinguées par leur couleur : les Blancs, les Rouges, les
Bleus et les Verts. Dans l’Antiquité on appelait ça "des factions",
mais c’était vraiment l’équivalent de nos clubs de football ou de basket
actuels. Chacune d’entre elles avait son groupe de supporteurs à côté, qui
accompagnaient les vedettes du club en question.
A
VOUS DE JOUER
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