(Édition 27.07.19)
ACTUALITÉ
L'OBSERVATEUR PAALGA
Ouagadougou www.lobservateur.bf
Plus de six mois après l’élection du nouveau président de la République démocratique du Congo (RDC), le pays est toujours sans gouvernement et dans l’impasse. Les dissensions entre Félix Tshisekedi et son prédécesseur, Joseph Kabila, ont tourné au conflit ouvert pour se partager le gâteau.
Ce qui se passe en République démocratique du Congo (RDC) semble s’inspirer du scénario d’un film western où invariablement, après le hold-up, les bandits, qui veulent se rouler mutuellement dans la farine, en viennent à s’étriper jusqu’à ce que le plus fort ou le plus roublard rafle la mise.
Là également, il s’agit d’un hold-up, électoral cette fois-ci ou, si vous voulez, d’un “compromis à l’africaine”, comme l’avait si justement dit Jean-Yves Le Drian, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, au sujet de la présidentielle congolaise du 30 décembre 2018.
HISTORIQUE 1 : après la 1ère guerre mondiale
Les vainqueurs — la France, les États-Unis et l’Empire britannique en tête — sont seuls à la barre, imposant leurs volontés aux vaincus, et surtout à l’Allemagne. Même si le président américain de l’époque, Woodrow Wilson, souhaite construire la paix sur le libéralisme économique et une « Société des Nations » censée prévenir de futurs conflits armés, le président français Georges Clemenceau plaide pour une certaine forme de vengeance. Il faut dire que son pays, mais aussi une bonne partie de la jeunesse française, a été ravagé par la guerre. Et c’est à l’Allemagne de payer, croit-il.
Au bout du compte, les conditions imposées par les vainqueurs dans le cadre du Traité de Versailles sont extrêmement sévères. L’Allemagne doit ainsi verser des sommes astronomiques en guise de réparations de guerre, son armée est grandement affaiblie, son territoire, réduit, est scindé en deux et le pays doit renoncer à son empire colonial.
Woodrow Wilson, dont le pays ne ratifiera finalement pas le Traité de Versailles, verra d’ailleurs dans ces conditions de paix les prémisses d’une éventuelle vengeance allemande. « Nous nous rendons coupables d’injustice », dit-il à l’époque.
HISTORIQUE 2 : la guerre de 100 ans
Le Figaro.fr 17.07.18
L'origine du conflit qui oppose pendant des décennies la France et l'Angleterre est d'ordre dynastique mais il est déclenché par la confiscation de la Guyenne. Depuis le mariage d'Aliénor d'Aquitaine en 1152 avec Henri II Plantagenêt les rois d'Angleterre sont devenus en même temps ducs d'Aquitaine et de Guyenne.
Mais le roi de France Philippe Auguste parvient à reconquérir une grande partie de leurs possessions. Aussi pour établir une paix durable, Saint Louis, par le traité de Paris de 1259, cède quelques territoires à Henri III d'Angleterre et la Guyenne est considérée à nouveau comme un fief, pour lequel le roi anglais doit prêter hommage au roi de France.
En 1336 le roi d'Angleterre Édouard III Plantagenêt se met en rébellion et commence à guerroyer contre le roi de France Philippe VI. Ce dernier décide en mai 1337 de confisquer la possession de son vassal.
En réaction Édouard III conteste le titre de roi de France à Philippe VI: le 7 octobre il revendique publiquement à Westminster la couronne de France. Et renie l'hommage qu'il avait prêté pour la Guyenne en 1329. Selon la coutume, quelques mois plus tard, il fait porter son défi à Paris par l'évêque de Lincoln: le roi français est sommé de renoncer au royaume de France dont il a indument hérité. Or cette revendication du souverain anglais n'est pas infondée. En effet à la mort du roi de France Charles IV le Bel -troisième et dernier fils de Philippe le Bel- en 1328 c'est Philippe de Valois qui lui succède, or il n'est que le neveu de Philippe le Bel. Tandis que son cousin Édouard III est son petit-fils. Mais la prétention du souverain anglais est davantage tactique: elle a pour but de défendre son duché en terres françaises.
HISTORIQUE 3 : Charlemagne
Inventeur de l'école, fondateur de l'Europe, premier grand roi de France, nombreux ont été les détournements faits autour du personnage de Charlemagne. Ce souverain franc reste, 1 200 ans après sa mort, la figure du Moyen Âge la plus célèbre. Et pour cause, du haut de son mètre quatre-vingt-dix, Charlemagne a dominé une grande partie de l'Europe pendant les 45 ans de son règne. Ce n'est pas sa voix fluette, son léger embonpoint ou encore son nez allongé qui ont traversé les siècles, mais bien son aura sur les peuples qu'il domine, ses conquêtes militaires ou encore les changements sociaux et culturels qu'il a tenté d'apporter.
Il faut remonter à l'an 1000 pour trouver les premières traces de cet héritage. Le souverain du Saint-Empire romain germanique, Otton III, est le premier à utiliser la figure de Charlemagne. Il n'hésite pas à ouvrir le tombeau de son illustre ancêtre à Aix-la-Chapelle, capitale de l'empire carolingien, pour s'emparer de ses parures et de ses vêtements. Les ongles, les dents, les vêtements deviennent des reliques sacrées qui servent à l'héritage de ce dernier. Otton III n'est que le premier d'une grande lignée de rois, empereurs ou encore hommes politiques qui tentent de trouver en Charlemagne la légitimité qui leur fait défaut.
Tout au long du Moyen Âge, les rois de France se font les descendants de Charlemagne en faisant de lui le premier souverain de leur territoire et en s'appuyant sur le titre de roi des Francs dont dispose l'empereur avant son sacre, le 25 décembre 800. Ces rois entrent en opposition avec les empereurs germaniques, qui s'approprient également ce personnage tant convoité dont les origines germaniques sont incontestables.
De nombreux siècles plus tard, mais s'inscrivant toujours dans cette lignée, Napoléon ne tarde pas à utiliser l'argument carolingien pour légitimer ses conquêtes militaires. Il va même plus loin puisque le 6 septembre 1806, il annonce clairement "Je suis Charlemagne, parce que, comme Charlemagne, je réunis la couronne de France à celle des Lombards." Charlemagne devient un objet de propagande important pour l'empereur français, qui n'hésite pas à utiliser à outrance le parallèle entre eux deux.
C'est ensuite au tour du IIIe Reich de se servir de Charlemagne à son avantage. Les nazis et le régime de Vichy (1940-1944) font de l'occupation allemande une logique de formation d'un unique État qui leur vient du glorieux empereur du IXe siècle. Les commémorations du 1200e anniversaire de sa naissance ont d'ailleurs été l'occasion pour les occupants, comme pour la collaboration, de réaffirmer que leur action s'inscrit dans celle de Charlemagne. 1945 signe la fin de l'Allemagne nazie.
Est-ce aussi celle de l'utilisation de l'image de Charlemagne bousculée par le dernier détournement en date ? Eh bien non, les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale en décident autrement. La construction européenne se fait avec Charlemagne en tête. Son nom est utilisé pour des médailles, des titres européens. Plus d'un millénaire après sa mort, Charlemagne est vu comme l'un des pères fondateurs de l'Europe et un des héritages sur lequel s'appuyer pour continuer la construction de cette Union européenne.
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