(Édition
11.09.21)
ACTUALITÉ
Les bibliothèques du Conseil scolaire catholique Providence, qui regroupe 30 écoles francophones dans tout le Sud-Ouest de l’Ontario (Canada), ont détruit près de 5000 livres jeunesse parlant des Autochtones dans un but de réconciliation avec les Premières Nations, relate Radio-Canada. "Une cérémonie de purification par la flamme s’est tenue en 2019 afin de brûler une trentaine de livres bannis, dans un but éducatif. Les cendres ont servi comme engrais pour planter un arbre et ainsi tourner du négatif en positif" A l'initiative de Suzy Kies, autoproclamée "gardienne du savoir » … cette opération vise entre autres Tintin en Amérique, Les Esquimaux, trois albums de Lucky Luke, Laflèche (ironiquement auréolé du prix Tamarac, remis par l'Association des bibliothèques de l'Ontario), Trafic chez les Hurons, deux biographies de Jacques Cartier, L’affaire du collège indien, Astérix et les Indiens.
HISTORIQUE
1 : Berlin 1933
Berlin, une plaque de métal incrustée dans le pavé de la Place Bebel rappelle cette sinistre date pour l'humanité, qui en préfigurait hélas de bien pires. Le vers prémonitoire de l'écrivain Heinrich Heine (1797-1856) interpelle les passants. "Là où l'on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes." Sur cette place, face à l'une des plus prestigieuses facultés allemandes, l'Université Humboldt, 20.000 livres furent brûlés le 10 mai 1933. Ce soir-là, vers 23h, des ouvrages de Sigmund Freud, Heinrich Mann, Karl Marx, Kurt Tucholsky, entre autres, y furent réduits en cendres… L'action fut minutieusement mise en scène, comme "un rituel", poursuit Irmela von der Lühe. "On a allumé des feux, les livres ont été apportés sur des carrioles accompagnés par des roulements de tambour. (...) Des phrases (les mêmes dans tout le pays) ont été prononcées avant qu'ils ne soient jetés au feu."
HISTORIQUE
2 : Florence 1497
Les Médicis viennent d'être chassés, la ville est aux mains du dominicain Jérôme Savonarole. Ce dernier a entrepris de purifier la cité, c'est-à-dire d'en faire disparaître toutes les représentations susceptibles d'incarner les œuvres du mal. Premiers visés : les tableaux, les sculptures, les livres. On érige des bûchers autour desquels vient se rassembler toute la population… Au-delà, c'est la question du livre qui est posée. Savonarole, comme Hitler bien plus tard, se brûlera les doigts en prétendant détruire ce qui exprime au plus profond l'instinct de survie d'une civilisation. Mallarmé disait du monde qu'il était fait pour aboutir à un livre. On pourrait ajouter que le livre représente également l'unique chance d'échapper à l'inéluctable. Ce n'est pas dans les livres qu'il faut chercher l'immoralité mais plutôt dans le scandale de la mort. Bercé par ses rêves théocratiques, le moine Savonarole finira d'ailleurs comme les manuscrits qu'il abhorrait : sur le bûcher.
HISTORIQUE
3 : Rome -12
https://www.lhistoire.fr/quand-rome-br%C3%BBlait-des-livres
En 12 av. J.-C., l'empereur Auguste, alors qu'il venait d'obtenir le grand pontificat lui conférant le contrôle sur l'ensemble de la religion publique, fit brûler plus de 2 000 ouvrages : « Ayant rassemblé tous les recueils de prophéties grecs et latins qui, sans aucune autorité ou sans autorité suffisante, avaient cours dans l'empire, soit plus de 2 000 ouvrages, il les fit brûler, et ne conserva que les livres sibyllins [recueil d'oracles], encore après y avoir fait un choix, puis il les enferma dans deux armoires dorées, sous la statue d'Apollon Palatin » (Suétone, Aug., XXXI, 1)… Or, c'est précisément sous le principat d'Auguste que l'on assista, pour la première fois, à la destruction d'une oeuvre écrite, non pas parce qu'elle était considérée comme une menace pour la « paix des dieux », mais parce qu'elle constituait une atteinte à l'ordre social et politique, et en dernière instance à la personne même de l'empereur. Ce sont dès lors des livres d'histoire ou des pamphlets qui furent livrés aux flammes.
A
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