(Édition 14.03.20)
ACTUALITÉ
Sylvain Larocque | Journal de Montréal| Publié le 10
mars 2020 à 05:08
La crise du coronavirus et la chute des cours du
pétrole ayant fait dégringoler la Bourse de Toronto hier accroissent le risque
que le Canada entre en récession.
« C’est sûr que les chances de connaître une récession
technique [deux trimestres négatifs] au Canada augmentent. Les probabilités
sont rendues autour de 40 % ou 50 %. Ce n’est pas encore notre scénario de
base, mais on n’est plus à 20 % ou 25 % comme la semaine dernière », a affirmé
hier au Journal Clément Gignac, économiste en chef d’iA Groupe financier.
Il rappelle que les blocus ferroviaires ont déjà
ralenti l’activité au pays.
HISTORIQUE 1: Canada
Les récessions sont rares parce que l’économie est
souvent en croissance. Le Canada a connu cinq récessions depuis 1970, et douze
depuis 1929. Les récessions durent habituellement entre trois et neuf mois; la
plus récente, celle de 2008-2009, a perduré sept mois. Toutes les récessions au
Canada depuis 1970 ont eu lieu en même temps que celles des États-Unis, un
signe que les deux économies sont étroitement synchronisées (voir Relations
économiques canado-américaines). Malgré tout, l’ampleur d’une récession au
Canada est déterminée par plusieurs facteurs, selon le secteur économique touché.
Par exemple, l’économie canadienne est très sensible aux fluctuations de
l’industrie des ressources naturelles comme le pétrole et le gaz naturel, ainsi
que l’exploitation minière et forestière.
HISTORIQUE 2: Europe 1300
D'après le
livre de Guy Bois, La grande dépression médiévale, xive et xve siècles. Le
précédent d’une crise systémique...
Le tournant de la crise se situe vers 1320-30, avant
la peste noire. Mais dès 1260 des difficultés étaient apparues : arrêt des
défrichements tandis que l’expansion démographique se poursuit, ce qui
pulvérise l’exploitation paysanne et gonfle l’endettement, stagflation (hausse
des prix et de la spéculation alors que la production n’augmente plus),
multiplication des guerres et alourdissement de la dépense des États pour y
faire face. Quant à la crise elle-même, c’est en premier lieu l’effondrement de
la population, général en Occident, avec une surmortalité de longue durée qui
ne se réduit pas aux seuls ravages de la peste. Lui sont liées, effets et
causes à la fois, la contraction de l’espace cultivé, la réduction des récoltes
et la chute des anciens foyers industriels. La guerre fait rage plus que
jamais, pas seulement le conflit franco-anglais, mais les antagonismes
dynastiques en Espagne ou la lutte des Guelfes et des Gibelins en Italie. Pour
soutenir leurs armées, les États qui ont mis en place un appareil fiscal depuis
la fin du xiiie siècle accroissent fortement leurs exigences quoique la matière
imposable aille en diminuant, autre source de malheur pour les peuples. La peur
de la mort hante individus et groupes, et le vide des terres et le manque de
bras font éclater la famille et tendent les relations sociales jusqu’à la
rupture dans les révoltes populaires de la seconde moitié du xive siècle. Selon
Bois la crise n’est pas qu’un accident conjoncturel lié au manque de monnaie,
comme le veut la thèse ancienne. Elle est un phénomène séculaire et structurel,
une déflation longue où baisse des prix et baisse de la production
s’entretiennent réciproquement. À sa suite arrivent la thésaurisation et la
dévaluation de la monnaie manipulée par les États, l’écroulement du crédit et
la fuite dans la spéculation débridée qui, à leur tour, aggravent la situation.
HISTORIQUE 3: Empire romain
… le déclenchement de la première crise financière
majeure de Rome pendant l’empire. Selon Tacite, tout commence par une chasse
aux usuriers qui sont accusés de violer la loi en exigeant des taux d’intérêt
prohibitifs. Un grand nombre d’entre eux sont traînés devant les tribunaux. On
ressuscite l’ancienne loi de César, qui limite les avoirs en liquide à 60,000
sesterces, et le sénat ordonne à ceux-ci de posséder les 2/3 de leur capital
dans des propriétés foncières en Italie. Plusieurs sont emprisonnés mais Tibère
octroi finalement un délai de grâce de 18 mois pour que tous se conforment à
l’édit de César et rapatrient l’argent nécessaire. On ne peut que spéculer sur
les causes derrière ces poursuites. Le ton utilisé par Tacite laisse croire que
les usuriers n’étaient pas plus populaires à l’époque qu’aujourd’hui, mais un
calcul financier pourrait bien s’ajouter au calcul politique. En ayant leur
argent investi dans des propriétés foncières, les créditeurs étaient plus
vulnérables face à l’arbitraire des décisions de l’empereur. En tout cas il ne
peut pas s’agir d’une question relative au tributum, l’impôt foncier, qui n’est
payé que par les populations soumises au joug romain et non par les citoyens de
la péninsule.
Comme les créanciers se voient dans l’obligation de
faire des pieds et des mains pour ravoir les fonds prêtés, un phénomène de «
credit crunch » se produit et Tacite parle d’une rareté soudaine de l’argent,
qui amène une baisse de l’activité économique et, paradoxalement, une baisse du
prix des terrains. Pour faire face au mécontentement Tibère octroi un prêt de
100 millions de sesterces sans intérêt aux créditeurs.
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